Photo : Slimene S.A. L'inquiétude sur la dissémination des armes en provenance de Libye suite aux bouleversements qu'a connus ce pays a pesé lourd dans les débats de la Conférence sur le partenariat, la sécurité et le développement au Sahel qui s'est ouverte, hier, à Club des Pins. Plusieurs délégués africains et même européens ont en effet considéré que la nouvelle situation fragilise les pays du Sahel dans leur lutte contre le terrorisme et le crime organisé. De plus, comme l'a souligné M. Messahel, ministre délégué aux Affaires maghrébines et africaines, dans sa déclaration, les risques liés «aux flux incontrôlés d'armes de tous calibres» s'ajoutent également aux «charges supplémentaires sur les ressources de pays comme le Mali et le Niger par l'afflux de travailleurs migrants qui ont dû quitter la Libye». Le ministre nigérien des Affaires étrangères a reconnu qu'il y a aujourd'hui un risque réel de «transformer la région en poudrière» puisque les premiers indices de prolifération d'armes et de munitions sont là. Un stock de 500 kg de semtex a été intercepté par son pays, un produit dangereux qui devait servir à la production de bombes. Un constat partagé par les pays occidentaux. Le conseiller diplomatique de M. Sarkozy a conseillé la vigilance. Le commandant de l'Africom, le général, Carter F. Ham a, pour sa part reconnu les difficultés liées aux «armes et explosifs facilement transportables» se disant prêt à soutenir «les pays qui en font la demande». Au-delà de ces préliminaires, cette conférence, organisée par l'Algérie, est une première du genre puisqu'elle lie d'abord la stabilité et la sécurité au développement, ensuite elle s'ouvre au partenariat avec plusieurs organisations régionales et des pays tels les USA, la France, la Grande-Bretagne, l'Union européenne, les bailleurs de fonds... Une décision prise en toute souveraineté par ces mêmes pays au vu de la «sophistication» du terrorisme et du manque de moyens. Car il faut reconnaître que ces pays, la Mauritanie, le Niger, le Mali avec l'Algérie, ont bien réussi à adopter une stratégie de riposte suite à une perception commune sur la menace que font peser sur leur région «le terrorisme et ses interconnexions avec le crime organisé». C'est cette stratégie sera discutée avec les partenaires. Au niveau des séances à huis clos, hier, une des premières conférences était de présenter la stratégie militaire de lutte contre le terrorisme menée par un des organismes communs, le Cemoc (Commandement d'état-major conjoint des quatre pays du Sahel.) Pour ces pays, il est évident que le partenariat recherché passe par «des réponses aux besoins de formation, de renforcement des capacités, de fourniture d'équipements, d'échange d'informations et de renseignements...». Il devrait aussi, en parallèle, être appuyé par des projets de développement «bénéficiant aux populations les plus vulnérables». Toutefois, insister sur des mesures «d'assèchement de toutes sources de financement» n'est pas de trop, rappelle M. Messahel qui souhaite que tous les pays s'interdisent le paiement des rançons qui «permettent aux réseaux terroristes de se financer et d'acheter des armes». Une position confortée par les membres du Conseil de sécurité de l'ONU en vertu d'une révolution adoptée en décembre 2009. UN GROUPE DE TRAVAIL CONFIE À L'ALGERIE, AU FORUM DE NEW YORK Les délégués étrangers, notamment américain, britannique et français, qui ont rendu un vibrant hommage aux sacrifices de l'Algérie dans sa lutte contre le terrorisme, plus particulièrement lors du dernier attentat de Cherchell qu'ils ont condamné, ont relevé «la compétence de l'Algérie dans cette lutte» ainsi que sa «légitimité incontestable» dans la conduite et la mise en œuvre de la stratégie de lutte contre le terrorisme qui la touche en premier.La déléguée américaine a reconnu que cette lutte «doit être menée par les gouvernements de la région» qui y «ont acquis une expérience unique». Les USA apporteront leur effort de perfectionnement à «ceux qui en font la demande». Ces derniers annonceront, à l'occasion du Forum de New York (21 septembre) les mesures qu'ils comptent encore proposer. D'ailleurs, les Américains, qui ont estimé que les efforts de l'Algérie dans ce domaine sont «impressionnants», ont décidé de lui confier «l'animation d'un groupe de travail axé sur son expérience de lutte contre le terrorisme», dira-t-elle. Enfin, l'Union européenne, qui reste, elle aussi, convaincue que la lutte contre «le terrorisme va de pair avec la lutte contre la pauvreté», met à la disposition des pays de la région 650 millions d'euros pour le financement des projets de développement auxquels s'ajoute «une enveloppe supplémentaire de 250 millions de dollars en réserve», a promis M. Manuel Lopez Blanco