Hier, combats et bombardements se sont poursuivis aussi bien sur le front de l'Est que celui de l'Ouest. L'artillerie de Kadhafi a bombardé en milieu de journée l'entrée ouest d'Adjedabia, sur la route de Benghazi. Les combats ont fait au moins trois morts parmi les rebelles dans la matinée. Des civils, d'après des sources rebelles et médicales. Les combats à Adjedabia ont fait depuis samedi une cinquantaine de morts, principalement des membres des forces gouvernementales tués par des frappes de l'Otan. Sur le front ouest, les forces gouvernementales libyennes ont continué hier à bombarder Misrata. Un médecin sur place a fait état de sept morts en deux jours, après la découverte d'un nouveau corps. Pour la première fois sur ce front, les forces loyales à Kadhafi ont usé de missiles de fabrication russe, selon les insurgés. Tout en réclamant la fin du siège contre cette ville, le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) a déclaré qu'au moins 20 enfants ont été tués ces trois dernières semaines à Misrata. Selon l'agence onusienne, des bébés de neuf mois figurent parmi les victimes, qui pour la majorité avaient toutes moins de dix ans. Ces enfants ont succombé à des éclats de tirs de mortier ou à des blessures par balle, précise l'Unicef. Par ailleurs, Tripoli a menacé de repousser par les armes une aide à la ville de Misrata alors qu'un navire venu d'Italie est attendu dans le port de Misrata pour évacuer des centaines de travailleurs immigrés. A ce propos, la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, avait assuré vendredi que l'UE était «disposée à agir» par tous les moyens, «y compris militaires», pour soutenir les 300 000 habitants de Misrata sur le plan humanitaire. Pour sa part, le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, a lui estimé que l'Otan ne jouait «pas suffisamment» son rôle en Libye pour neutraliser les armes lourdes des forces de Mouammar Kadhafi et protéger les populations civiles. Auparavant, son homologue britannique, William Hague, avait appelé l'Otan à «intensifier» ses efforts militaires en Libye pour protéger les populations civiles et invité les autres pays participant à l'intervention à apporter davantage de moyens. Sauf que tous les Européens ne sont pas de l'avis du tandem franco-britannique. L'Espagne et l'Italie ont exprimé hier des réserves. Le secrétaire d'Etat espagnol aux Affaires européennes, Diego Lopez Garrido, n'a pas jugé «nécessaire» d'intensifier les efforts de l'Otan : «Ce n'est pas nécessaire, l'action de l'Otan se déroule bien, il n'y a rien à réviser en ce moment», a-t-il estimé. L'alliance «a fait un bon travail», a-t-il insisté, jugeant que «la zone d'exclusion aérienne est un succès». Quant au chef de la diplomatie italienne, Franco Frattini, il dit avoir «exprimé de la perplexité» à propos de cette demande, rappelant que son pays avait «déjà mis des moyens à disposition» de l'alliance. Sans cette intensification de l'effort de guerre, la Libye se transformera-t-elle en une «nouvelle Somalie», comme l'a souligné Moussa Koussa, l'ancien ministre des Affaires étrangères qui s'est réfugié en Grande-Bretagne et avec lequel l'opposition libyenne n'a «aucun lien» ? Le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, a estimé, sur Europe 1, que les choses peuvent «aller vite maintenant» dans la résolution de la crise en Libye. Les prix élevés du pétrole commencent à affecter la demande, qui tend à faiblir depuis quelques mois, a souligné hier l'Agence internationale de l'énergie (AIE). «Il y a un vrai risque qu'un pétrole se maintenant à plus de 100 dollars le baril ne soit pas compatible avec le rythme de la reprise économique», écrit l'agence dans son rapport mensuel. La production mondiale de pétrole a de son côté chuté en mars, de 700 000 barils par jour à 88,3 mbj, en raison d'une baisse de production de près de 70% en Libye, selon l'AIE.