Les dispositions prises dans le cadre du dernier Conseil des ministres ont donné beaucoup de relief à cette semaine politiquement, socialement et économiquement. En vedette, l'examen et l'approbation du projet de loi relative à l'information prévue dans le cadre des réformes politiques et qui porte libération du champ audiovisuel en vue d'un libre exercice de l'activité, moyennant un balisage éthique et réglementaire qui pose les bases d'un fonctionnement du secteur en respect des valeurs et des lois algériennes. Même si ce dossier n'a pas encore livré tous ses éléments, l'annonce de cette disposition a eu un impact important au sein des familles politique et de l'information. Mais c'est en fait l'examen du projet de loi de Finances pour 2012, qui semble accompli, portant des dispositions financières, budgétaires et fiscales, qui a suscité l'intérêt de la majorité des Algériens, pour ce qu'il implique en termes de continuité de la politique des pouvoirs publics et de perspectives de soutien et d'engagement, autrement plus soutenus, en direction des sphères sociale et économique. Soutien public à l'investissement économique, poursuite de l'exécution du programme quinquennal de développement et renforcement de la politique sociale du pays, tels sont, en substance, les trois postes de dépenses qui concentrent, dans le cadre du projet de loi de Finances pour 2012, la bagatelle de 7 428 milliards de dinars, soit l'équivalent de plus de 100 milliards de dollars. Faut-il intégrer au volet social les 2 850 milliards de dinars qui constituent le total alloué au payement des salaires des agents de l'Etat ? En tout état de cause, une partie, récemment consentie au titre d'augmentations de salaires participe de la politique sociale. LE SOCIAL, UN INCONTOURNABLE DESTINATAIRE DE FONDS Les dépenses sociales proprement dites concentrent, dans ce projet de loi pour 2012, 1 300 milliards de dinars auxquels il faut inclure les dépenses de solidarité nationale qui consistent notamment, outre le filet de solidarité qui doit échoir aux catégories démunies et aux handicapés, dans les allocations familiales des travailleurs, le paiement des compléments de retraites, le soutien des prix des produits de première nécessité, de l'eau ainsi que le raccordement à l'électricité et au gaz. Il faut préciser à ce titre que cette approche du social ressort d'une perception de la réalité du terrain qui n'en est pas à sa première année, et semble inscrire dans la continuité une politique budgétaire qui donne à une partie des ressources du pays une destination strictement sociale de manière à soutenir les populations qui pâtissent de la transition économique depuis déjà plusieurs années. En fait, et en dépit d'une révision à la hausse des salaires, le pouvoir d'achat de nombreuses catégories demeure affecté par la cherté de la vie ; un fait qui confine les préoccupations de la majorité à des enjeux strictement alimentaires. Ce qui fait jouer à l'Etat un rôle primordial, celui d'intégrer cette donne dans sa politique budgétaire dans le cadre d'un effort financier inédit, dont il est espéré que l'Algérie puisse le prolonger le plus longtemps possible, du moins jusqu'à ce que la dynamique économique tant attendue puisse prendre le relais et se substituer, en partie, à la manne pétrolière. A la jonction du social et de l'économique, les dispositifs d'aide à la création d'emplois consistant dans la dynamisation des crédits à la création de micro-entreprises et dans l'insertion professionnelle des jeunes au sein d'entreprises publiques et privées, jouent un double rôle, dans ce sens qu'ils favorisent immédiatement une intégration sociale des jeunes qui bénéficient de tels dispositifs et, à terme, peuvent effectivement participer d'une dynamisation de la vie économique dans des proportions qui sont fonction de paramètres liés au nombre des personnes concernées, des projets réalisés et de la capacité de la majorité des micro-entreprises, ainsi créées à survivre et à croître. L'ECONOMIE, UN ENJEU DE CROISSANCE ET DE DEVELOPPEMENT Le programme quinquennal d'investissements publics concentre pas moins de 2 849 milliards de dinars avec des affectations multisectorielles et donc un effort financier qui devrait valoir en matière de croissance économique hors hydrocarbures, puisque les investissements qu'il est question de mener constituent de très importants plans de charge pour des milliers d'entreprises locales, d'autant qu'ils contribuent directement et indirectement à la création de dizaines de milliers d'emplois permanents et sur le moyen terme. Cela est d'autant plus vrai que cette réalité n'efface en rien une autre tout aussi importante, à savoir que l'effort de développement touche des secteurs où il produit des effets structurants. De fait, et à titre d'illustration, les résultats du développement du secteur des ressources en eau sont chaque année plus importants et tout aussi importants leurs effets sur les domaines qui dépendent directement de leur essor, notamment le secteur de l'agriculture. Il faut rappeler, à ce titre, qu'il était impossible, il y a seulement quelques années, d'envisager l'irrigation du fait que l'AEP était naturellement priorisée dans un contexte où la mobilisation et le stockage des ressources hydriques étaient assez faibles. On peut dire la même chose des transports qui, tout en contribuant, aux niveaux urbain et interurbain, à améliorer la qualité de vie des citoyens à travers de meilleures conditions de déplacement, contribuent également à une plus grande circulation des biens et des marchandises, à une optimisation des durées et des coûts de transport et à un regain de confiance des investisseurs dans l'environnement économique global. Quant au soutien public au développement économique proprement dit, motivé par le double impératif de dynamisation de la sphère économique et de la mise à contribution de celle-ci dans l'effort de développement, les 135 milliards de dinars qu'il mobilise, outre qu'ils vont en partie à l'agriculture, ciblent deux aspects essentiels de la vie des entreprises, notamment la mise à niveau qui demeure une étape incontournable pour la PME algérienne afin de se mettre au diapason des exigences de l'économie de marché, et l'accès aux crédits bancaires. Dès lors, la bonification des taux d'intérêts en direction des entreprises semble être une manière d'approche qui devrait fluidifier, moyennant une mobilisation de toutes les bonnes volontés, l'argent des banques au service des entreprises.