La loi électorale ferait la part belle aux notables proches de l'ancien régime. La transition piétine, selon les chefs de file de la contestation. Depuis quelques jours, ils reprochent ouvertement au Conseil suprême des forces armées (CSFA), l'instance qui assure l'intérim du pouvoir depuis la chute de Hosni Moubarak, de retarder la restitution du pouvoir aux civils. Les plus jeunes d'entre eux ont repris hier le chemin de la place Tahrir du Caire pour dénoncer le maintien du dispositif répressif du passé avec l'extension du champ d'application de la loi sur l'état d'urgence, en vigueur depuis l'assassinat du président Anouar el-Sadate par des islamistes en 1981, l'usage des violences contre les détenus et la traduction de milliers de civils devant des tribunaux militaires. Ils ne sont pas les seuls à en vouloir au CSFA que préside le maréchal Hussein Tantaoui. Soixante partis, dont les Frères musulmans et les 22 mouvements politiques qui ont demandé le report des législatives de six mois pour davantage de temps de préparation, menacent de boycotter les élections législatives qui doivent avoir lieu le 28 novembre 2011 et le 29 janvier 2012 s'il n'amende pas la loi électorale qui ferait la part belle, selon eux, aux notables proches de l'ancien régime. Ils réclament un scrutin de liste pour l'ensemble des sièges au futur Parlement (l'actuelle prévoit un tiers des sièges à des candidats sans affiliation partisane, élus au scrutin uninominal), une interdiction aux partisans de l'ancien raïs de se présenter à une fonction élective et une date ferme pour la présidentielle avant fin juin 2012. «Nous boycotterons les élections s'ils ne répondent pas favorablement à nos demandes d'ici dimanche», précise Sayid Al-Badawi, un dirigeant du parti Wafd. Le CSFA, qui a mis en garde jeudi contre toute atteinte à la démocratie ou à la sécurité nationale et prévenu «ceux qui veulent entraver le changement démocratique entamé avec l'appel à des élections législatives», traitera-t-il ceux qui ont repris le chemin de la protesta avec «fermeté» ou lâchera-t-il du lest ? Même les Etats-Unis souhaitent voir l'Egypte lever l'état d'urgence au plus tôt, et non en juin 2012 comme annoncé par Le Caire.