Six mois après la chute de Moubarak, les égyptiens ne décolèrent pas. De l'occupation de la mythique place Tahrir, symbole de leur révolte, ils ont tenté hier de déplacer le centre de la contestation au ministère de la Défense et siège du Conseil suprême des forces armées (CSFA). Les contestataires accusent l'armée de tergiversations et de non respect des promesses de démocratisation faites au lendemain de la chute de Moubarak. Le remaniement gouvernemental n'a eu aucun effet sur la mobilisation contre les faux-fuyants du régime. De violents affrontements entre manifestants réclamant des réformes et partisans des militaires au pouvoir ont donc éclatés samedi soir au Caire, faisant plus de deux cents blessés. Les manifestants ont été bloqués par la police militaire, qui a tiré en l'air pour tenter de les disperser. Selon le ministère de la Santé égyptien, 231 personnes ont été blessées, dont 39 ont dû être transportées à l'hôpital et les autres soignées sur place. Les manifestants pro-réformes se sont retrouvés coincés entre les soldats et la police anti-émeute d'un côté, et les partisans de l'armée en civil de l'autre. Ils ont finalement abandonné les lieux pour retourner sur la place Tahrir, dans le centre-ville, qu'ils occupent, maintenant, depuis une quinzaine de jours. Quelques heures plus tôt, le maréchal Hussein Tantaoui, à la tête du CSFA, a une nouvelle fois promis de respecter les engagements démocratiques. Il a promis, dans une allocution télévisée, «des élections parlementaires libres et justes, une nouvelle Constitution et l'élection d'un président choisi par le peuple». Les militants occupants de la place Tahrir reprochent aux autorités militaires la lenteur des réformes annoncées, le maintien de pratiques répressives héritées de l'ancien régime ou encore la présence de partisans de M. Moubarak au gouvernement et dans la haute administration. Contrastant avec le ton apaisant du maréchal Tantaoui, le CSFA a émis samedi un communiqué mettant en cause le «mouvement du 6 avril», une organisation de jeunes accusée de «diviser le peuple et l'armée». Le groupe a démenti ces accusations. Le «mouvement du 6 avril», très actif au travers des réseaux sociaux sur internet, a joué un rôle important dans le déclenchement de la révolte contre M. Moubarak le 25 janvier dernier. Six mois après le début de la révolte, le sort de l'ancien président, reclus dans un hôpital du Sinaï, plonge toujours l'Egypte dans l'embarras. L'ouverture de son procès et celui de ses fils Alaa et Gamal, fixé au 3 août prochain, s'est faite sous la pression de la rue. Sa santé fait, quant à elle, l'objet d'informations contradictoires. G.H/agence