«Les mesures de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale ont été toutes appliquées. On ne peut pas aller au-delà d'où la nécessité de prendre des mesures complémentaires concernant les catégories victimes de la tragédie nationale», a déclaré jeudi le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH), M. Farouk Ksentini, lors d'une rencontre sur le bilan de six années de réconciliation nationale. Il a expliqué que la Charte avait atteint tous ses objectifs, principalement la restauration de la paix civile et qu'il était nécessaire de prendre des mesures complémentaires au profit des catégories victimes de la tragédie nationale et qui n'ont pas été citées dans la Charte. Parmi ces catégories, il cite les personnes qui ont été déportées dans des camps au sud et les gens qui ont subi des pertes matérielles (économiques) durant la décennie noire. «Nous avons déposé des propositions et nous attendons la réponse», a-t-il indiqué. Le président de la CNCPPDH a souligné que la prise de mesures complémentaires relevait des seules prérogatives du président de la République. Il a également démenti les propos qui lui ont été attribués concernant «une imminente amnistie générale». Selon lui, le président de la République est la seule personnalité en Algérie qui peut décider d'une amnistie générale, conformément à l'article 47 de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. «Bien que je sois suis favorable, l'amnistie générale est une décision politique et relève des seules prérogatives du président de la République», a-t-il précisé. Au sujet de l'interdiction de l'activité politique, il a souligné qu'il s'agit d'une mesure qui doit être limitée dans le temps et qui ne doit pas être collective. UNE DIZAINE D'ALGERIENS TOUJOURS DETENUS À LA PRISON DE GUANTANAMO Selon le président de la CNCPPDH, 10 ou 11 Algériens sont toujours détenus à la prison américaine de Guantanamo. Ils «croupissent encore dans la prison de Guantanamo sans procès», a-t-il indiqué en soulignant que cette situation ne saurait durer, d'autant qu'il s'agit d'une grave violation de toutes les lois. M. Ksentini a estimé que le président américain, Barack Obama, qui avait promis de fermer cette prison, n'a pas pu le faire en raison des pressions exercées sur lui. «Dans ce pays, on fait relâcher DSK et on ne relâche pas des détenus injustement emprisonnés», a-t-il commenté. A sa connaissance, la majorité des détenus algériens emprisonnés à Guantanamo étaient installés en Bosnie-Herzégovine où ils avaient été jugés et acquittés. «Ils ont été enlevés par les forces américaines et mis en détention dans la prison de Guantanamo sans procès», a-t-il ajouté. A propos des autres Algériens anciens détenus de Guantanamo, qui ont été jugés et libérés par le tribunal criminel algérien, il a affirmé que bien qu'ils aient contacté sa commission par des correspondances ou par le biais de leurs familles, ils ne demandent pas à être indemnisés par l'Algérie qui n'est en rien impliquée dans ce qui leur est arrivé.