Les temps sont durs pour les trabendistes. Jadis maîtres dans l'importation de l'habillement, ils sont aujourd'hui concurrencés par les containers. Mais les porteurs de cabas ne s'avouent pas pour autant vaincus. Il n'y a qu'à assister à l'arrivée des avions en provenance de Turquie ou de Syrie ou d'Alicante quand il s'agit de bateaux. Et puis le temps où les yeux des douaniers n'étaient braqués que sur leurs valises bourrées semblent s'estomper. Alors le cabas joue toujours son rôle dans le marché vestimentaire. Il faut dire que des trabendistes restent toujours fidèles à ce métier d'importateur atypique. « L'importateur des cabas existe toujours pour ceux notamment qui ont des connaissances dans les ports d'Alger, d'Oran ou de Annaba. Chaque semaine, chacun d'eux ramène une dizaine de cabas», explique ce jeune commerçant de la rue de la Lyre (Basse Casbah) qui évoque par la même occasion l'absence de l'utilisation de la facture de vente par la majorité des commerçants de cette rue. « Il y a au maximum 5 % de commerçants qui exercent avec des factures, le reste active dans l'opacité ». La rue de la Lyre a toujours été le réceptacle des cabas des trabendistes. Certains d'entre eux, souvent commerçants également, ont fait alliance pour se perpétuer dans ce commerce, avec les gros importateurs qui les alimentent en tout genre de vêtements. Il n'y a qu'à voir les aménagements qui sont portés ces derniers temps dans la majorité des boutiques de cette rue où peut acheter des souliers à 5000 DA, un blouson en cuir à plus 10 000 DA ou d'autres articles soldés à 1000 DA. N'empêche, leurs activités déclinent. « Ici le commerce est mort, les affaires ne marchent plus comme avant. Je ne comprends rien. Avant, c'est la marchandise qui manquait et les clients raflaient tout ce qui trouvait sans discuter du prix, aujourd'hui, on constate le contraire. Pourtant, les boutiques et les trottoirs sont encombrés par la vente de vêtements, mais le client est devenu rare», se plaint Lyès, un ancien trabendiste devenu gros importateur de vêtements d'Italie, de France et d'Espagne. « Je comprends la situation des gens en cette période difficile, ajoute-t-il, tout le monde est devenu consommateur des produits chinois. Allez voir de l'autre côté de la rue la quantité de vêtements que bradent les jeunes vendeurs ». Son voisin, fils d'importateur, ne cache pas son mécontentement vis-à-vis des contrôleurs de la concurrence et des prix. «Nous sommes encore dans l'économie de bazar. Nous, nous activons dans la légalité, c'est-à-dire nous payons nos impôts vis-à-vis de l'Etat », explique le jeune vendeur de blousons en cuir, de chemises et de souliers estampillés UE. Mais selon d'autres vendeurs qui occupent la chaussée de cette rue pour vendre des articles soldés, les trabendistes s'en sortent bien face aux containers, du fait que les douaniers ne sont plus braqués sur eux mais sur les gros importateurs. Les trabendistes qui ont la peau dure, se cachent pour bien perpétuer le métier de porteur de cabas.