Les services de police de l'aéroport international d'Alger ont saisi récemment leurs collègues des douanes pour attirer leur attention sur les complicités dont bénéficient les trabendistes au niveau du hall des arrivées. Dans cette correspondance, les policiers se sont plaints des douaniers qui organisent les réseaux de trabendistes spécialisés dans « les cabas » importés de Turquie, de Syrie et, depuis peu, des Emirats arabes unis. C'est à partir de l'exploitation des enregistrements vidéo, effectués par les nombreuses caméras installées à l'aéroport international, notamment au niveau des arrivées, que les policiers ont remarqué « la prise en charge » des trabendistes par des douaniers, lesquels « ne procèdent même pas » au contrôle des bagages. Ce courrier est resté sans réponse, puisque les filières de trabendistes continuent à agir sans pour autant être inquiétées, alors qu'il y a quelques mois, ce sont les services des douanes qui ont, les premiers, réclamé à la police des frontières plus de vigilance. Des centaines de « cabas » remplis de produits de contrebande, en provenance surtout de Turquie, de Syrie et d'Italie, transitent par l'aéroport d'Alger, pour alimenter le marché informel, grâce à la complicité avérée de certains douaniers, sans pour autant que les responsables réagissent. Les différentes mesures de sécurité imposées par les normes en la matière n'ont pas pour autant freiné les trafics en tout genre. Ainsi, il y a quelques mois, le service litige bagage a enregistré la perte mystérieuse d'un des deux faucons saisis par les douaniers sur un ressortissant saoudien, devant se rendre à Biskra pour une partie de chasse à l'outarde. Ces volatiles, surveillés dans le monde du fait de l'épidémie de la grippe aviaire, n'ont subi aucun contrôle vétérinaire lors de leur admission sur le territoire algérien. Bien plus grave, leur propriétaire a été autorisé à venir leur donner à manger et, trois jours plus tard, l'un d'eux, pourtant bien enchaîné (les clefs chez son propriétaire), a disparu. Ce qui a provoqué une panique chez les employés du service bagage préoccupés par le problème de santé, dans le cas où il s'avérerait que le faucon disparu est porteur du virus de la grippe aviaire. Des craintes légitimes dans la mesure où l'oiseau carnivore n'a subi aucun examen des services vétérinaires, tout comme d'ailleurs le deuxième faucon resté à l'aéroport pendant ce temps, tel que prévu par la loi. En effet, celle-ci rend obligatoire une période de mise en quarantaine ne dépassant pas les 38 heures, avant que l'animal en question ne soit réexporté ou abattu. Or l'un des deux volatiles est resté presque un mois à l'aéroport et c'est le personnel du service litige bagage qui s'est retrouvé obligé de le nourrir (en viande) quotidiennement, mettant ainsi la santé de ce personnel en danger. Le parquet d'El Harrach a ouvert une information judiciaire et la direction générale des douanes a déposé plainte contre X pour non-application de la loi. Le procureur a convoqué le chef de service des douanes et deux agents pour les interroger sur les circonstances de cette affaire, mais à ce jour l'instruction n'a pas abouti. L'administration a exigé une amende de 2 millions de dinars, l'une contre X pour la disparition du premier faucon et la seconde pour avoir introduit un animal sur le territoire national sans autorisation. L'énigme dans cette affaire, c'est que le propriétaire de ces deux volatiles a lui aussi disparu. Il a quitté le pays sans aucun problème, en abandonnant ses animaux au service litige bagage de l'aéroport international d'Alger. Aéroport où des cartes magnétiques de paiement du Crédit populaire d'Algérie (CPA) et des moules de cachets humides des forces aériennes ont été interceptés sur un passager qui revenait d'un voyage de France. Deux personnes ont été arrêtées, puis remises en liberté et aucune information n'a été donnée sur les circonstances de cette affaire. Visiblement, les moyens modernes mis en place dans cette enceinte aéroportuaire n'ont pas aidé à limiter les trafics en tout genre. Contrebande de cigarettes, trabendo et autres réseaux mafieux continueront à sévir tant que les responsables des services des douanes et de la police ne mettent pas le paquet pour lutter contre la corruption.