Sur le nombre de cancéreux enregistrés chaque année en Algérie, il faut savoir qu'un cas sur trois souffre de douleurs et deux sur trois de douleurs chroniques de degré intense. D'où la nécessité de prendre en charge la douleur et de mobiliser les différentes spécialités pour accompagner les malades durant les dernières phases de la maladie. Cependant, on note un déficit de prise en charge de ces malades et les chiffres sont effrayants. En effet, 30 à 80% des douleurs ne sont pas soulagées correctement et 31% des patients souffrant de douleur ne sont pas traités. Si dans la conception générale “cancer = douleur”, cette douleur qui, au départ, est un symptôme voire un signe d'alarme lorsqu'elle se pérennise et devient chronique, elle est alors source d'invalidité, d'angoisse et parfois de dépressions avérées. La douleur, ou plutôt “les douleurs” car il n'existe pas un seul type – apparaissant au cours de la maladie cancéreuse – est un symptôme, donc directement lié à la pathologie, ou la conséquence de traitement de celle-ci. Il faut donc insister sur l'obligation des médecins à soulager la douleur, qui fait partie du traitement anticancéreux, car au-delà du geste curatif, il ne faut surtout pas négliger les répercussions de la souffrance sur la vie des patients. Le problème qui se pose actuellement en ce qui concerne la prise en charge de la douleur en Algérie, est l'absence de formation de médecins généralistes ou même spécialistes sur l'évaluation de la douleur et sa prise en charge. Les antalgiques dits “majeurs” sont rarement utilisés, par méconnaissance ou par crainte. La douleur, qui reste un symptôme très subjectif, ne peut être évaluée que par le patient souffrant. Le médecin doit toujours avoir en tête qu'il n'existe pas de relation entre l'intensité de la plainte et l'importance de la lésion ou la gravité de la maladie. Le centre antidouleur du CMPC est le seul du genre en Algérie. C'est pour cela que les médecins spécialistes et généralistes doivent être formés pour le traitement de la douleur et rendre l'accès à ce soin possible aux citoyens. Sans oublier que quel que soit le traitement antalgique envisagé, le soutien psychologique fait partie de la démarche thérapeutique.