Le laboratoire Biopharm a organisé jeudi, à l'hôtel El-Aurassi, la 7e journée d'information et de lutte contre la douleur en partenariat avec la Société algérienne d'évaluation et de traitement de la douleur. Biopharm, qui dispose d'une large gamme d'antalgiques et de traitements anticancéreux, a fait de ces journées d'information une tradition, saluée par le corps médical. Cette journée avait pour thème “cancer et douleur” et a vu la participation d'un grand nombre de praticiens algériens. M. kerrar, responsable de Biopharm, a insisté dans son allocution d'ouverture sur la nécessité de la prise en charge efficace de la douleur qui reste précaire dans notre pays. Les débats ont été menés par les responsables du centre antidouleur du centre Pierre-et-Marie-Curie (Alger) : les professeurs Griene et Fellah et le docteur Benmoussa. Le Pr Fellah a annoncé des chiffres effrayants. En effet, 30 à 80% des douleurs ne sont pas soulagées correctement et 31% des patients souffrant de douleur ne sont pas traités. Si dans la conception générale “cancer = douleur”, cette douleur qui, au départ, est un symptôme voire un signe d'alarme lorsqu'elle se pérennise et devient chronique, elle est alors source d'invalidité, d'angoisse et parfois de dépressions avérées. La douleur, ou plutôt “les douleurs” car il n'existe pas un seul type – apparaissant au cours de la maladie cancéreuse – est un symptôme, donc directement lié à la pathologie, ou la conséquence de traitement de celle-ci. Les conférenciers ont exposé le problème de la douleur qui survient suite à la chimiothérapie, la radiothérapie et même la chirurgie, comme c'est le cas après une chirurgie pour cancer du sein (mastectomie) ou plus de la moitié des femmes développent une douleur chronique avec parfois des troubles de la sensibilité, affectant leur vie quotidienne. Cette douleur “post-mastectomie” a été longtemps ignorée, mais devient aujourd'hui une réalité à laquelle les médecins doivent faire face. Les intervenants du centre antidouleur du CPMC ont insisté sur l'obligation des médecins à soulager la douleur, qui fait partie du traitement anticancéreux, car au-delà du geste curatif, il ne faut surtout pas négliger les répercussions de la souffrance sur la vie des patients. Une belle citation a été donnée dans ce sens : “Si on ne peut donner des jours à la vie, donnons de la vie aux jours”. Le problème qui se pose actuellement est l'absence de formation de médecins généralistes ou même spécialistes sur l'évaluation de la douleur et sa prise en charge. Les antalgiques dits “majeurs” sont rarement utilisés, par méconnaissance ou par crainte. La douleur, qui reste un symptôme très subjectif, ne peut être évaluée que par le patient souffrant, et comme l'a signalé le Pr Fellah : “Il n'existe pas de relation entre l'intensité de la plainte et l'importance de la lésion ou la gravité de la maladie”. Pour cela, une échelle d'évaluation de la douleur est proposée au patient au cours de sa consultation, permettant ainsi de “noter la douleur, la classer” pour bien la “soulager”. Le centre antidouleur du CMPC est le seul du genre en Algérie. Des médecins spécialistes et généralistes doivent être formés pour le traitement de la douleur et rendre l'accès à ce soin possible aux citoyens. Pour conclure, quelque soit le traitement antalgique envisagé, le soutien psychologique fait partie de la démarche thérapeutique.