Scène de la pièce «La grotte eclattée» Après la période post-indépendance, le théâtre en Algérie a connu sa gloire, et ce en réalisant des œuvres universelles, algériennes et arabes à thèmes engagés d'avant-garde et progressistes qui reflétaient souvent la réalité. Ces pièces de théâtre furent interprétées par des grands comédiens et des metteurs en scène jouissant des qualités artistiques. Ces spécialistes maîtrisaient leur métier, aussi bien sur le plan esthétique que sur le plan artistique, chose qui a facilité l'adhésion du public aux salles de spectacles. Ce même public se voyait, mieux encore, il s'identifiait au thème et à la forme traitée. Par conséquent, le théâtre participe régulièrement aux festivals et à chaque fois il décroche d'honorables prix. Seulement aujourd'hui, il y a un grand hic. Le public boude littéralement le théâtre. A ce sujet, M. Abdelhamid Rabia, comédien professionnel, nous dira qu'avec l'avènement de la démocratie, à la fin des années 80, l'intérêt du public a changé. Il ne s'intéresse plus aux pièces de théâtre classique. Il préfère des spectacles plus légers qui ne forcent pas la concentration. Dans cet esprit, il accorde sa préférence au monologue. Ce genre est cependant assez complet puisqu'il est fondé sur les principes généraux d'une pièce de théâtre, c'est-à-dire l'action, l'introduction des différents personnages, une mise en scène classique et un talent de comédiens dans les règles de l'art. De nombreux hommes de théâtre se sont mis à pratiquer les genres du monologue sur scène à l'instar de Sonia, une excellente comédienne qui a élargi ses talents. D'autre part, notre interlocuteur nous fait savoir que les organisateurs de spectacles imposent une vision particulière dans la création des pièces de théâtre nouvelles. Pour des raisons de sécurité, ils demandent aux auteurs de s'éloigner de la réalité. Le théâtre devient dans cette voie un support qui n'est plus conforme à la vie réelle du citoyen. Aussi, celui-ci se désintéresse-t-il du domaine du 4e art. Ce public préfère davantage des créations culturelles légères que les chaines de télévisions satellitaires diffusent à profusion. Cette situation provoque des conséquences désastreuses pour le théâtre. Ces résultats déplorables s'illustrent par le manque de continuité des pièces de théâtre nouvellement créées. C'est ainsi que la générale de ces pièces est rarement suivie des représentations supplémentaires. Pour preuve, le public assiste à la générale de cette pièce une fois et c'est tout. Il s'agit d'une décadence programmée du théâtre en Algérie. C'est une sonnette d'alarme qu'il faut absolument prendre au sérieux pour un meilleur avenir du 4e art. Pour remédier à cette importante carence, selon notre même interlocuteur, il faudrait inculquer la culture théâtrale au jeune citoyen algérien. Le programme scolaire doit comprendre un enseignement sur la valeur et l'utilité du théâtre. Il ajoutera aussi que les théâtres doivent collaborer avec les établissements scolaires. M. Rabia insiste sur la réalisation des pièces de théâtre à thèmes populaires, inspiré de notre quotidien. Au sujet du choix des comédiens dans une œuvre théâtrale, il mettra l'accent sur l'importance de faire participer les jeunes comédiens aux côtés de leurs aînés. «Le but est de faire partager les expériences, parce qu'on apprend à tout âge», estime-t-il. Par ailleurs, M. Rabia voit que l'avenir du théâtre en Algérie est lié au volet financier (formations, ouverture d'un théâtre dans chaque wilaya). A ce sujet, il souhaite la mise en place d'un théâtre régional d'Alger. Il soulèvera, en dernier, qu'il serait souhaitable de restituer les espaces consacrés à la culture au niveau de la capitale.