Les filières démantelées récemment aux frontières algéro-marocaines ne seraient que la partie visible de l'iceberg. Quelle serait alors la quantité d'armes et de munitions qui a échappé aux mailles des douanes et des services de sécurité ? Après les attentats d'Alger, la seule interrogation qui continue à dominer les discussions chez de nombreux citoyens est évidemment celle liée à l'origine des explosifs utilisés par les kamikazes et le lieu de leur fabrication. Pour le simple citoyen, les explosifs rentrent par les “mêmes portes” que les pétards dont l'abondance et la diversité constituent un indicateur assez révélateur des problèmes qui existent au niveau de nos frontières et au niveau des ports. Il y a près d'un mois, soit le 10 mars dernier, un réseau de trafiquants d'armes, à sa tête un ressortissant marocain, a été démantelé à la frontière algéro-marocaine. Les gendarmes de Maghnia avaient saisi, à l'issue de cette opération, plus de 480 détonateurs, 500 mètres de mèches et 108 mines antipersonnel dissimulées dans des boîtes de thon. La marchandise avait été achetée de France et était acheminée en Algérie via l'Espagne et le Maroc. Les cinq personnes composant le réseau se ravitaillaient auprès de fournisseurs marocains installés dans la localité de Béni-Drar (Maroc), distante de quelques kilomètres de Maghnia. Ces individus ont été écroués comme ce fut le cas d'ailleurs des réseaux démantelés en 2006 à Tlemcen, spécialisés également dans le trafic de la poudre de TNT et la poudre noire ainsi que des armes de tout genre. Tous ces produits sont destinés à alimenter les maquis des groupes terroristes de l'ex-GSPC. Mais combien de ces produits ont échappé aux mailles des filets des douaniers et de la police des frontières ? C'est la question qui hante encore les esprits, et c'est certainement à ce niveau qu'il faut intervenir pour couper les vivres aux groupes terroristes. Ces réseaux qui agissent et travaillent pour le compte de l'ex-GSPC bénéficient de complicités de quelques personnes exerçant au niveau de certaines structures administratives. Les groupes terroristes établis dans le nord du pays sont alimentés en armes et en explosifs par Belmokhtar dit Laouer, qui se ravitaille notamment dans certains pays frontaliers. Il y a un peu plus de cinq mois, les services de sécurité ont éliminé dans la région de Berriane, dans le Sud algérien, quatre terroristes originaires de la wilaya de Boumerdès qui s'apprêtaient à transporter une grande quantité de munitions et d'explosifs pour le compte de la zone 2 du GSPC. Les explosifs et toutes sortes de munitions sont acheminés dans l'Akfadou, ou à Sid Ali Bounab, avant d'être distribués, en ratio, aux différentes katibate qui elles-mêmes disposent de plusieurs ateliers de fabrication de bombes disséminés dans les montagnes, mais aussi dans les villes. L'on se rappelle de ces deux ateliers de fabrication de bombes démantelés par la BMPJ de Boumerdès, l'année dernière, en plein centre de Zemmouri et Legata. Mais le GSPC dispose d'autres ateliers dans des endroits difficiles d'accès comme c'est le cas de la région de Ougni Isker, près d'Amalou dans la wilaya de Bouira où les forces de sécurité ont découvert, il y a près de cinq mois, un atelier de fabrication d'engins explosifs composés essentiellement de quantités énormes de TNT, d'ammoniac et de téléphones portables. Mais à leur surprise, les éléments de l'ANP tombent sur un troupeau d'ânes et de mulets qui, vraisemblablement, sont utilisés par les terroristes du GSPC comme moyen de transport dans cette région au relief accidenté et abrupt. C'est dans cette zone à l'accès difficile que les bombes ayant ciblé récemment les services de sécurité et les commissariats de police ont été confectionnées. Les groupes du GSPC qui n'arrivent plus à s'approvisionner en engrais, ce qui de surcroît est plus encombrant, ont dû acquérir ces derniers temps de grandes quantités de TNT par l'intermédiaire d'un réseau spécialisé dans la livraison de la marchandise. Ces bombes étaient fabriquées dans ce triangle à cheval entre Bouira, Boumerdès et Tizi Ouzou. Il est fort possible que ce sont dans les mêmes ateliers qu'ont été confectionnées les bombes utilisées récemment à Alger. Les terroristes ont dû acheminer les bombes le jour même de l'attentat dans des véhicules ordinaires qui épousent généralement le décor de la ville pour éloigner le maximum de soupçons. M. T.