Le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, a souligné jeudi que les recommandations du Groupe de haut niveau de l'Union africaine sur le Darfour sont "une opportunité réelle à saisir par le gouvernement du Soudan et les mouvements rebelles afin de régler cette crise dans le fond et de manière durable". "Leur implication de bonne foi dans leur mise en œuvre est cruciale pour la stabilité à long terme du Soudan et de son environnement immédiat", a affirmé le chef de l'Etat, dans un discours prononcé en son nom par le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, M. Abdelkader Messahel, au sommet à Abuja du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'UA. Il a indiqué, dans ce contexte, que "les recommandations (...) nous semblent pertinentes (et) devraient se traduire par l'adoption d'une feuille de route fixant les voies et moyens les plus appropriés afin de parvenir à la paix et à la réconciliation au Darfour". Analysant les recommandations développées dans le rapport du Groupe M'beki, le chef de l'Etat a estimé qu'"il était important de consolider le rôle moteur de l'Union africaine, avec l'appui de ses partenaires, dans la conduite du processus politique au Darfour". "Cela signifie, a-t-il poursuivi, que l'Afrique doit apporter son appui aux efforts de l'ensemble des médiateurs engagés dans le même agenda de mise en oeuvre des résolutions et décisions de l'Union africaine et encourager toute initiative susceptible d'ouvrir la voie à un règlement durable du conflit". Le président Bouteflika a également appelé à "faire prévaloir la logique de négociation moyennant l'approfondissement du dialogue et la réalisation d'un consensus national pour assurer la participation de l'ensemble des acteurs concernés dans le processus de sortie de crise et leur engagement à venir dans le maintien et la consolidation de paix". Il a également mis en relief l'importance de la mise en place de procédures "en vue du traitement des questions post-conflit, notamment celle de la justice non seulement pour instaurer et maintenir la paix, mais de la construire sur les bases de la réconciliation nationale et d'un développement durable fondé sur l'équité". A cet effet, le président de la République a appelé la communauté internationale et l'Organisation des Nations unies à soutenir les efforts de l'Union africaine au Darfour. "La responsabilité de la communauté internationale et, en particulier des Nations unies, de continuer à apporter tout son appui aux efforts de paix de l'Union africaine, comme aux efforts de l'Afrique pour une application rapide et stricte des accords signés entre le gouvernement du Soudan et les différents groupes d'opposition, doit être mise en évidence et réaffirmée", a-t-il recommandé Le président Bouteflika a expliqué que "l'Union africaine ne peut prendre en charge l'intégralité d'un processus de gestion puis de sortie de crise dans l'ensemble de ses facettes sans un plus grand engagement de tous ses Etats membres et un soutien accru des partenaires de l'Afrique (au regard) de l'ampleur et de la complexité des actions à mener au Darfour". Il a affirmé, à cet effet, que "malgré des moyens relativement modestes, l'Union africaine continue à sensibiliser les parties en conflit et à agir avec détermination pour les aider à retrouver le chemin de la paix, en veillant à la poursuite du dialogue par le biais d'un nouveau cadrage qui permettra une plus grande convergence de vues favorisant une logique de négociation et la réalisation d'un consensus national". La crise du Darfour, a rappelé le président Bouteflika, "a été prise en charge dès son déclenchement par l'Union africaine, notamment dans le cadre de la Mission de l'Union africaine au Soudan (MUAS), qui a permis, par la suite, de préparer le terrain à la mise en place de l'opération hybride UA-ONU pour le Darfour (MINUAD)". "Nous devons continuer à accorder une attention particulière à l'Accord global de paix au Darfour, signé le 5 mai 2006, (et) encourager tous les efforts des partisans de la paix et, notamment, ceux des autorités soudanaises pour faire valoir les droits des victimes dans le conflit du Darfour", a-t-il estimé. "C'est pourquoi, a-t-il poursuivi, la décision de reprendre le processus de paix de Doha, adoptée par le comité ministériel afro-arabe sur le Darfour, à l'issue de sa réunion du 12 octobre, donne des raisons d'espérer". Le chef de l'Etat a, par ailleurs, rappelé que la décision de la Cour pénale internationale à l'encontre du président soudanais Omar al-Bachir, qui a été "à juste titre, d'ailleurs, dénoncée par l'Union africaine (à), en plus d'être contre productive, ne sert manifestement ni l'impératif de justice ni l'exigence de paix au Darfour". En outre, il a appelé l'Union africaine à tirer "les enseignements de sa gestion des crises et à aborder une nouvelle étape en ayant en vue le nécessaire passage du maintien de la paix à l'édification de la paix par le développement". Cette étape est d'autant plus importante, a poursuivi le président Bouteflika, "que l'Afrique se trouve aujourd'hui confrontée à de nouvelles menaces qui vont demander à l'Union africaine une adaptation importante (à) afin que les outils créés par la Commission pour la gestion et le règlement des crises ainsi que les structures mises en place dans le cadre de la lutte contre le terrorisme puissent être utilisés au mieux de leurs capacités. Le chef de l'Etat a, par ailleurs, invité ses pairs à "imaginer des méthodes permettant à l'Union africaine, non seulement de régler les différends, mais surtout d'empêcher leur survenance". "Notre attachement partagé à la paix, à la sécurité et à la stabilité de l'Afrique commande une meilleure coordination de nos initiatives en vue de fédérer nos efforts au service d'une capacité concrète de prévention des conflits et de gestion des crises sur le continent africain", a-t-il souligné. Le président Bouteflika a relevé qu'il s'agisse de l'imbrication du crime transnational organisé avec le terrorisme, des changements climatiques et d'autres menaces, "il nous appartient de mettre en place les mécanismes permettant d'en traiter simultanément les différents aspects en vue d'une plus grande maîtrise de notre sécurité collective". "La construction d'une paix durable, a-t-il ajouté, devrait nous inciter à porter davantage d'attention au développement et aux questions de sécurité qui lui sont connexes dans toutes les régions de notre continent". Le président de la République s'est, par ailleurs, félicité du rapprochement entre le Soudan et le Tchad, dont l'engagement à respecter intégralement les différents accords qu'ils ont signés en vue de normaliser leurs relations, "est indéniablement un facteur déterminant dans l'instauration d'une paix globale dans la sous région". S'agissant de la situation en Somalie et en Guinée, le chef de l'Etat a estimé que ce sont "deux défis qu'il faudra relever dans l'urgence, car ils placent l'Union africaine à la croisée des chemins". "L'Afrique attend légitimement un véritable sursaut de la part de la communauté internationale pour aider les autorités de transition à mener de front la double entreprise de restauration de l'Etat somalien et de la reconstruction nationale", a-t-il souligné. Pour ce qui est de la situation en Guinée, le président Bouteflika a réitéré l'appui de l'Algérie aux efforts africains en cours, dans le cadre de l'Union africaine, comme au sein de la CEDEAO, en vue d'un règlement définitif de la crise guinéenne fondé sur le retour à l'ordre constitutionnel.