C'est le 28 octobre 1989 qu'a été rappelé à Dieu le monument de la littérature algérienne Kateb Yacine. Exactement vingt ans après cette disparition, le Palais de la culture vient d'achever une rencontre de haut niveau pour rappeler l'homme et son immense œuvre. Le théâtre a été dans l'œuvre de Kateb Yacine un support de choix. Aussi, l'accent de cette rencontre a-t-il été porté, entre autres, sur ce volet du génie de création de ce grand auteur. La compagnie, Gosto Théâtre, présidée par Ziani Chérif Ayad et qui est un partenaire dans l'organisation de ces journées d'études, a remarquablement animé ces trois jours de rencontre en présentant deux pièces. La première, avec pour titre «L'étoile et la comète», a eu lieu, le premier jour de ce rendez-vous avec Kateb Yacine, à l'auditorium du Palais de la culture. Cette pièce mise en scène par Ziani Chérif Ayed fait briller le talent de la jeune comédienne Malika Guemat. La deuxième pièce, «El Machina», a été jouée à l'espace culturel Chapiteau de l'esplanade de Ryadh El Feth. Ici également s'est distinguée Malika Guemat par la qualité de son interprétation. Nourredine Saoudi, une des plus belles voix du chant andalou, a joué aussi un rôle dans cette pièce. Ces créations pour le théâtre de Kateb Yacine ont fait redécouvrir ses grandes capacités artistiques dans le quatrième art. Il était un écrivain de renommée internationale. Ses livres avant l'indépendance ont été une arme redoutable contre l'ordre colonial. Ils étaient cependant écrits en langue française. En sa qualité d‘écrivain et de citoyen responsable, il a voulu, après l'indépendance, se rapprocher davantage de son peuple et c'est ce qui justifie ses créations dans le domaine du théâtre. Il les a écrites dans le langage que comprend la société algérienne, l'arabe dialectal. Pour mieux redécouvrir l'homme et son œuvre, des tables rondes ont été organisées au cours de ces trois jours. Elles étaient animées par des universitaires et des critiques d'art du milieu national et international de la littérature et du théâtre. Parmi les invités étrangers figuraient ainsi Philippe Foulquié, du théâtre de Marseille, Pierre Abi Saab ainsi que Roger Assaf de Beyrouth, Zineb Ferhat de Tunis, Marina Berham de Palestine, Paul Siblot de Montpellier. De remarquables exposés sur la haute personnalité de Kateb Yacine ont été faits par les professeurs Mohamed Abbou, Benamar Médiene ainsi que par Mohamed Lakhdar Maougal. Ce dernier est d'ailleurs un spécialiste de l'œuvre de Kateb Yacine. Il a travaillé sa thèse de doctorat sur les harmonies poétiques dans l'oeuvre de ce grand écrivain. Sa thèse a fait l'objet d'un livre édité par Casbah éditions. Le professeur Mohamed Lakhdar Maougal a mis l'accent sur la forte détermination de Kateb Yacine de détruire les thèses des historiens de l'époque coloniale sur le passé de l'Algérie en s'appuyant notamment sur les lectures de Ibn Khaldoun. Ces rencontres de trois jours ont évoqué d'une manière dense et riche le souvenir de cet homme illustre et de son œuvre. A cet effet, a été utilisé le cinéma avec des documentaires, des pièces de théâtre et des conférences suivies de débats. Cette rencontre, comme l'a précisé Mme Mehadjia Bouchentouf, directrice du Palais de la culture entre dans le cadre de la série, «Revivre la mémoire algérienne», qui se propose d'organiser une fois par an à la même date un événement culturel marquant.