La «hidjama», saignée ou phlébotomie, est un terme ancien désignant une évacuation de sang pratiquée sur un malade. Actuellement, elle continue d'alimenter, à travers toute l'Algérie, une vive polémique, mettant aux prises ses partisans et ses opposants. La Fondation nationale pour la recherche médicale (FOREM) vient de publier une récente étude sur les risques encourus par les patients objets de saignée en l'absence d'un minimum d'hygiène et de contrôle. En effet, relève la FOREM dans son étude, l'absence de conditions d'hygiène, la défaillance de la désinfection du matériel utilisé pour sa pratique, l'exercice aléatoire de ce traitement médical par des «charlatans», dépourvus d'une véritable formation médicale ou une quelconque expérience, exposent un grand nombre de patients, selon la FOREM, à des conséquences désastreuses. Ainsi, près de 70 % des adeptes de la saignée en Algérie risquent de contracter le sida, signale la FOREM, au regard des conditions déplorables dans lesquelles elle est quotidiennement effectuée. Il est même urgent de limiter l'activité des «charlatans» qui se disent experts dans cette pratique médicale aux résultats thérapeutiques incontestables. En fait, de nombreux patients estiment que cette médecine traditionnelle peut guérir plusieurs pathologies, dont les migraines, les rhumatismes, le diabète et même la stérilité. Toutefois, les séances de saignée «ratée» sont également légion car des guérisseurs non formés à cette pratique médicale, mais en quête de profit, recourent, en toute inconscience, à des lames infectées, utilisées à plusieurs reprises et susceptibles de transmettre aux patients diverses pathologies fatales. Si le syndrome de l'immunodéficience (SIDA) est le plus redoutable, les patients ne sont pas à l'abri d'autres pathologies, comme les hépatites C, les maladies sexuellement transmissibles et les affections transmissibles par voie sanguine qui ne sont pas moins mortelles. Il s'agit là d'un problème que doivent prendre en charge les pouvoirs publics. La “roquia” et la “hidjama” ne sont pas des modules enseignés dans le cursus de la formation médicale. Le conseil de l'ordre ne peut intervenir que si ces deux pratiques sont prodiguées par des médecins dans leur cabinet. Pour rappel, le code de déontologie médicale, à travers ses articles 31, 17 et 18, condamne la «hidjama» et considère cette médecine alternative comme illégale. Mais pour d'autres spécialistes, au lieu de réprimer ce remède prisé par la population, il serait préférable de soumettre la «hidjama» à des règles de contrôle rigoureuses. Enfin, la sensibilisation de la société civile sur les risques encourus est aussi l'une des plus indispensables mesures de prévention. Faute de quoi, des maladies incurables risquent de décimer les Algériens tant que la menace sur la santé publique n'est toujours pas prise au sérieux.