S'il est vrai que les hommes pratiquent la hidjama, la pose des ventouses pour une saignée afin de retirer le «mauvais sang», les femmes sont adeptes de cette manière de guérir nombre de maux. Encore une fois, c'est dans un cabinet médical qu'il a été conseillé à Mounia d'aller pratiquer la hidjama pour son arthrose. Comme quoi la médecine conventionnelle fait bon ménage avec celle dite parallèle. La sœur de Mounia par contre résidant à Blida a choisi cette manière de se faire soigner depuis presque dix ans. Son «soigneur» est un ami d'enfance de ses garçons. Elle peut lui faire confiance et la conseille à tout le monde. Il faut dire que celle-ci en fait un peu trop avec «el roukia» et la hidjama, selon Mounia, qui préfère adopter la prudence. «Cela devient non pas une thérapie mais une sorte d'obsession». L'engouement de ces médecines séculaires qui avaient perdu de leur aura durant longtemps revient en force et les charlatans également. Un jour Mounia a trouvé, par hasard un médecin généraliste qui soigne par la hidjama à 1200Da et deux fois par an. La doctoresse est choisie seulement par une clientèle féminine. Sinon on constate que nombreux sont les docteurs généralistes qui ont adopté ce mode de traitement. Zahida une jeune fille de 25 ans a subi une première fois la saignée et devait retourner chez son généraliste pour une deuxième séance «mais j'ai été prise par d'autres préoccupations, j'ai donc omis délibérément d'y retourner. Quand j'ai constaté que mes symptômes réapparaissaient je suis repartie une deuxième fois et je me sens mieux». Nous ne saurons rien sur les maux de Zahida. Par contre Feriel a cru durant 3 ans que la hidjama pratiquée deux fois par an allait la guérir de son cancer en la débarrassant de «sa mauvaise maladie» jusqu'à refuser l'opération chirurgicale «et aussi parce que le Prophète a pratiqué et a conseillé la technique de cette thérapie». Au bout du compte il lui a fallu se rendre à l'évidence et accepter d'être opérée. Louisa est dans l'expectative : «j'ai assisté un jour étant petite à une séance de hidjama il y a très longtemps à Belcourt par un vieux guérisseur dont la propreté des instruments était douteuse. Et tout se sang qui dégoulinait du cou de ma grand'mère…». «Quoi qu'il en soit c'est presque une mode que de se faire faire une saignée et ce sont les femmes qui s'y prêtent aisément», affirme Mounia en attendant de subir cette médication dans un temps proche.