Une délégation du FMI séjourne depuis quelques jours en Algérie. Elle tiendra comme d'habitude, à la fin de sa mission, une conférence de presse cet après-midi, à l'hôtel El Djazaïr, avec l'ensemble des représentants de la presse nationale. C'est une mission de consultation comme cela se fait avec tous les pays membres de cette institution financière et ce au titre de l'article 4 de ses statuts. La délégation du FMI a toujours porté un regard critique sur le rythme des réformes que le Fonds a toujours eu à préconiser aux pays membres, plus particulièrement ceux qui ont connu des problèmes d'endettement suivi d'un programme d'ajustement structurel. Les directives du FMI sont claires : restriction des dépenses publiques et interdiction de toutes subventions mais aussi un œil rivé sur le niveau d'inflation. Le taux de croissance du produit intérieur brut en Algérie, tel qu'il ressort des chiffres du budget de l'Etat en prévision de la loi de finances pour 2010, est estimé à 4% et à 5,5% hors hydrocarbures. On sait que la dernière revue du FMI en septembre 2008 a été très satisfaisante, d'autant plus que la région du Maghreb et donc l'Algérie, est la seule à connaître une croissance positive. Que dira la délégation du FMI donc dès lors que cette rencontre avec les responsables algériens intervient en plein débat sur l'augmentation du SMIG que s'apprêtent à entériner dans une vingtaine de jours les partenaires sociaux. En octobre 2006, une visite similaire du FMI en Algérie intervenait en plein débat toujours sur le même sujet, le relèvement du SMIG. Inutile de dire que la réponse de ses experts a été à cette époque pleine de scepticisme. Ils avaient refusé «toute augmentation des salaires qui ne serait pas en relation avec une croissance du PIB hors hydrocarbures». La visite d'aujourd'hui coïncide également chez nous avec le train de mesures drastiques touchant le commerce extérieur, les facilités d'investissement, il est vrai que celles-ci n'ont rien à envier aux mesures protectionnistes des pays industrialisés notamment. Crise financière aidant, les certitudes du FMI se sont quelque peu effritées laissant croire qu'une intervention de l'Etat dans le système bancaire - en pleine tourmente - est aujourd'hui nécessaire. Il suggère même des politiques fondées sur des dépenses budgétaires qui peuvent réamorcer la croissance économique, ce qui ne vaudra que des encouragements à l'Algérie qui est même sollicitée pour l'achat de coupons que le FMI devra lancer pour engranger des ressources financières supplémentaires. Avec la demande de prêt du FMI, confirmée par les responsables financiers du pays, dont celui de la Banque d'Algérie, tout récemment, la note sera sans nul doute encourageante, car, et malgré la crise qui affecte l'économie mondiale, qui a entraîné la chute du prix du baril de pétrole et des recettes du pays, le FMI prévoit dans son dernier rapport 2009 un taux de croissance positif pour l'Algérie de 2,1% pour 2009 et 3,7% en 2010. Alors, le FMI, à moins d'une recommandation sur davantage de croissance du secteur hors hydrocarbures et sur une modernisation du système financier, n'aura peut-être rien à dire d'autre, trouvant peut-être les lenteurs d'hier, très décriées, de normales aujourd'hui et peut-être bénéfiques. Le FMI a exprimé sa satisfaction sur le développement par exemple des moyens de paiement introduits par les banques algériennes. Quant à la privatisation des banques publiques, la convertibilité du dinar, les fonds souverains, son sacerdoce, les temps ont bien changé. N'est-ce pas cette déconnexion du système financier international qui nous a évité bien des déboires ?