Un programme d'évaluation du système financier du pays est en cours d'élaboration avec le concours de cette institution issue des accords de Bretton Woods. Une délégation, composée d'administrateurs du Fonds monétaire international (FMI) a séjourné à Alger et a discuté avec de hauts responsables algériens, en particulier les ministres des Finances et de l'Energie, l'UGTA, les organisations patronales et des ONG, pour les besoins de son rapport périodique sur les situations économique, politique et sociale du pays. C'est ce qu'on appelle l'articule IV des statuts du Fonds, c'est-à-dire une évaluation des performances macroéconomiques et de l'environnement des affaires que l'institution financière internationale établit chaque année. Au cours de la conférence de presse donnée par le groupe d'administrateurs à l'issue de sa mission dans la capitale, le porte-parole de la délégation a d'emblée relevé que l'Algérie est sous surveillance du FMI. Mais, a-t-il ajouté, tous les pays membres du FMI, y compris les pays riches, tels que la France et le Royaume-Uni, subissent ce processus. Ils passent, chaque année, au scanner du Fonds monétaire international. Cette étude annuelle sera examinée par le conseil d'administration dans le cas de l'Algérie en février 2004. Les conclusions de ce rapport, approuvées, constituent la position officielle du FMI sur le pays. Pierre Duquesne, membre de la délégation, a livré quatre observations qui pourraient résumer l'appréciation du Fonds sur l'Algérie. Première observation, l'Algérie fait face à de multiples défis : une transition économique dans un climat politique difficile, en particulier le terrorisme, actuellement en bonne voie de résorption. Deuxième observation : les performances macroéconomiques sont bonnes, qu'il s'agisse de la croissance, de l'inflation et des comptes extérieurs… Troisième observation : ces résultats ont été obtenus alors que l'Algérie a souffert du terrorisme, des inondations et du tremblement de terre. Quatrième observation : tous les acteurs économiques sont conscients et d'accord sur la nécessité de poursuivre les réformes économiques. Mais, il faut ajuster ces changements et le rythme des réformes à la réalité économique et sociale du pays. Même son de cloche chez l'administrateur, chargé de représenter l'Algérie au sein du Fonds, c'est un satisfecit qui s'assimile à la position du FMI : rares sont les pays qui atteignent un taux de croissance de 6% dans le monde (estimation 2003). L'Algérie fait partie des dix pays dans le monde, qui sont parvenus à une telle performance. Pourquoi la presse dénigre-t-elle son propre pays ? Il y a beaucoup de points positifs dans l'Algérie d'aujourd'hui : des ressources humaines, un potentiel de richesses naturelles important, une compagnie d'hydrocarbures parmi les plus performantes au monde… Par ailleurs, ce qui ressort également de la conférence de presse, c'est que l'Algérie a demandé au Fonds un programme d'évaluation du système financier algérien, (PESF), une sorte d'assistance technique, pour booster sa modernisation. Un plan d'action sera élaboré en commun avec les autorités algériennes, en février 2004. Ce programme va dresser les vulnérabilités du système financier du pays. Le FMI veut participer à l'effort algérien pour améliorer son image à l'extérieur. Le ministre des Finances, qui a répondu, hier, sur la mission du groupe d'administrateurs, au cours de sa conférence de presse, a souligné que, pour le Fonds, un système bancaire efficient est la clé principale de la croissance économique. En filigrane, l'Algérie, bien qu'elle ne soit pas sous le programme du FMI, a besoin de l'appréciation de cette institution, entre autres, pour obtenir la confiance de la communauté financière internationale et des investisseurs. Elle a toujours besoin de son expertise. Mais, il s'agit de savoir si les remèdes et les suggestions du Fonds sont de la cosmétique ou un appoint appréciable à la remise en ordre du pays sur le plan économique. N. R.