Le taux de chômage chez les jeunes avoisine les 25% en Algérie, a indiqué hier Joël Toujas-Bernaté, chef de division au département Moyen-Orient et Asie centrale au sein du Fonds monétaire international (FMI). M. Toujas-Bernaté s'exprimait lors d'une conférence de presse qu'il a animée hier à l'hôtel El Djazaïr avec d'autres membres de la délégation du FMI qui a séjourné en Algérie du 21 octobre au 3 novembre pour conduire des discussions dans le cadre des consultations annuelles au titre de l'article 4 des statuts de cette institution. M. Toujas-Bernaté estime que ce taux est « inquiétant ». Il a souligné « qu'aucune variation n'a été constatée ces deux dernières années ». « C'est le signe, a-t-il poursuivi, que rien n'a été fait pour réduire le chômage juvénile. » Le gouvernement doit développer les secteurs hors hydrocarbures pour absorber le chômage des jeunes, a-t-il préconisé. Le taux de chômage global a baissé passant de 25% en 2003 à 11% en 2008, a-t-il noté. « La lutte contre le chômage des jeunes est l'un des défis majeurs de l'Algérie », a commenté ce responsable. Il a relevé en outre que l'Algérie enregistrera cette année son premier déficit budgétaire de la décennie. Celui-ci pourrait atteindre 8,4% du PIB contre un surplus de 8,1% du PIB en 2008, selon les prévisions du FMI, qui impute cette contre-performance à la chute des recettes des hydrocarbures, à laquelle s'ajoute un niveau de dépenses élevé. Le FMI considère que l'Algérie jouit toujours d'une position extérieure confortable grâce à des réserves internationales appréciables évaluées à 146 milliards de dollars, malgré une forte baisse du solde courant déséquilibré par la dégringolade des prix des hydrocarbures et les importations élevées. Le taux de croissance du PIB global s'est établi à 2% tiré vers le bas par une réduction sensible de la production des hydrocarbures. En revanche, le bilan exceptionnel de l'agriculture, qui s'est distinguée par une production céréalière record, et les secteurs tirés par le Programme d'investissements publics (PIP) devraient hisser la croissance hors hydrocarbures à plus de 9%. Le FMI confirme par ailleurs la hausse de l'inflation qui frôle les 5,8% en raison d'une forte augmentation des prix des aliments frais. Si l'on ne tient pas compte de cette catégorie de produits, l'inflation demeure faible (1,4%), constate le FMI. S'agissant de l'impact de la crise financière et économique internationale, M. Toujas-Bernaté a déclaré que « l'Algérie s'en est sortie sans encombres ». Elle a été touchée par la chute des prix des hydrocarbures, mais l'exercice 2010 s'annonce sous de meilleurs auspices avec à la clé une amélioration de ce secteur névralgique de l'économie nationale sous l'effet d'une reprise de la croissance mondiale. Le FMI table sur une croissance du PIB de 4 à 5% en 2010. Selon la même source, l'une des leçons que l'Algérie doit retenir de cette crise concerne « l'impératif de diversification de l'économie, y compris la réduction de la dépendance budgétaire vis-à-vis des ressources d'hydrocarbures », souligne-t-on encore. Le FMI a insisté également sur la nécessité de développer le secteur privé afin qu'il prenne le relais de la dépense publique comme moteur de la croissance. Il plaide aussi pour l'utilisation des ressources du Fonds de régulation des recettes (FRR) pour financer le PIP qui, selon l'institution de Bretton Woods, « dynamise le secteur hors hydrocarbures et préserve l'emploi et dont le volet infrastructures contribuera potentiellement à améliorer à moyen ou long termes la capacité de productivité de l'économie algérienne ». Le FMI plaide cependant pour une sagesse budgétaire qui permet d'affiner les règles gouvernant le financement des dépenses budgétaires par les ressources des hydrocarbures et de rationaliser davantage les dépenses publiques et poursuivre la mobilisation des recettes hors hydrocarbures.