Malgré un contexte international difficile, l'Algérie a continué d'enregistrer une bonne performance économique, en ligne avec l'évolution de ces dernières années. Celles-ci furent caractérisées par la bonne tenue de la croissance hors hydrocarbures, la maîtrise du taux d'inflation et la réduction du chômage. Grâce à des politiques financières prudentes, des réserves de change extérieures et une épargne budgétaire confortable ont été constituées et l'endettement extérieur a été maintenu à un niveau très faible. Ce sont là les premières conclusions de la mission du Fonds monétaire international (FMI), qui a séjourné à Alger du 21 octobre au 3 novembre 2009 pour conduire les discussions dans le cadre des consultations annuelles au titre de l'article IV des statuts du FMI. Les conclusions présentées, hier, par M. Joël Toujas-Bernate, chef de division département Moyen-Orient et Asie centrale, lors d'une conférence de presse organisée à l'hôtel Al-Djazaïr d'Alger, souligne la robustesse “des performances macro-économiques de l'Algérie en 2009”. M. Joël Toujas-Bernate a indiqué que “l'Algérie a traversé la crise sans trop d'encombre”, mettant en exergue la croissance “exceptionnelle” hors hydrocarbures, estimée cette année à 9%, tirée en partie par le secteur agricole, grâce à la production céréalière, mais aussi par la demande intérieure, particulièrement par les dépenses publiques. En revanche, le secteur des hydrocarbures enregistre une baisse importante de la production (entre - 6% et -7%), qui s'explique par la baisse de la demande mondiale, mais également par des problèmes techniques survenus sur le gazoduc reliant l'Algérie à l'Italie. Cette contre-performance du secteur des hydrocarbures tire le taux de croissance global vers le bas, estimé à environ 2%. Le chef de division département Moyen-Orient et Asie centrale a affirmé que, consécutivement à la performance du secteur hors hydrocarbures, le taux de chômage a baissé jusqu'à un peu plus de 11%. “Mais c'est un taux de chômage qui reste élevé, particulièrement chez les jeunes et reste un défi majeur pour l'Algérie”, fait remarquer M. Joël Toujas-Bernate. “Le taux de chômage chez les jeunes avoisine 25%. Il n'a pas beaucoup évolué ces deux dernières années”, a-t-il ajouté. Par ailleurs, contrairement à ce qui est constaté dans d'autres pays, l'inflation repart à la hausse, environ 5,8% en raison d'une forte augmentation des prix des aliments frais. L'inflation hors aliments frais, précise le FMI, demeure faible (1,4%) grâce à une politique monétaire prudente, un soutien des prix de certains produits alimentaires de base. Sur le plan financier, le FMI note que la position extérieure reste confortable, avec des réserves internationales atteignant environ 146 milliards de dollars à fin septembre 2009. Le FMI, dans son dernier rapport sur les perspectives économiques mondiales, estime que les réserves de change pourraient atteindre 149 milliards à fin 2009 et 159,7 en 2010. La position budgétaire a été fortement affectée par la chute des recettes des hydrocarbures, tandis que le niveau des dépenses demeure élevé. En conséquence, notre pays enregistrera cette année son premier déficit budgétaire de la décennie, qui pourrait atteindre 8,4% du produit intérieur brut (PIB), contre un surplus de 8,1% du PIB en 2008. M. Joël Toujas-Bernate a indiqué que le secteur des hydrocarbures devrait connaître une amélioration de son activité en 2010, grâce à la reprise de la croissance mondiale et pourrait contribuer positivement à moyen terme à la croissance globale. Du coup, selon lui, les perspectives à moyen terme restent favorables, “même si l'activité hors hydrocarbures pourrait se ralentir quelque peu, avec la stabilisation des dépenses d'investissements publics et un secteur privé qui ne semble pas encore être en mesure de prendre le relais comme moteur de la croissance”. Le FMI projette une croissance du secteur des hydrocarbures de + 2,5% et une croissance hors hydrocarbures entre 5 et 6%. Ce qui donnera une croissance globale du PIB de 4% à 5%. D'autre part, la hausse attendue des prix du baril des hydrocarbures, environ 76 dollars le baril, contribuera à l'amélioration des soldes courants et budgétaire. Le FMI estime que l'objectif principal de la politique budgétaire en 2010 devrait être de soutenir l'effort d'amélioration des infrastructures tout en continuant à améliorer la maîtrise et le ciblage des dépenses. Mais à long terme, soutient le FMI, il est indiqué d'affiner les règles gouvernant le financement des dépenses budgétaires par les ressources hydrocarbures, de rationaliser davantage les dépenses publiques et poursuivre la mobilisation des recettes hors hydrocarbures. Le FMI recommande l'élaboration d'une stratégie “concertée”, favorisant l'émergence d'un secteur privé dynamique. Cette stratégie devra s'appuyer sur la poursuite de l'amélioration de l'intermédiation bancaire et du climat des affaires pour favoriser l'investissement direct étranger. “Il faudra également suivre de près l'impact de certaines mesures de la loi de finances complémentaire de 2009 sur les perspectives de diversification de l'économie”, a indiqué M. Joël Toujas-Bernate, précisant que pour l'instant, il n'est pas “en mesure de porter un jugement sur l'impact de ces mesures”. Le responsable du FMI estime que la mesure imposant la majorité algérienne dans des projets d'investissement peut paraître à première vue comme une mesure qui ne va pas dans “le bon sens”. “Ce n'est pas une mesure très répandue à travers le monde”, souligne-t-il, affirmant que la mission qu'il dirige a cherché à comprendre les raisons qui ont poussé le gouvernement à prendre cette mesure. “C'était des mesures qui visaient à profiter au mieux des investissements directs étrangers, à s'assurer qu'il y ait des retombées aussi positives que possible et qui soient en phase avec la stratégie de développement national. Elles ont été motivées par certains mauvais exemples d'investisseurs étrangers”, selon les explications fournies à la mission du FMI. “Il est clair que cette mesure pose des questions”, estime M. Joël Toujas-Bernate, en reconnaissant la légitimité des objectifs de la mesure prise par le gouvernement.