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Boualem M'Rakech, président de la CAP, à Horizons : «Nous sommes pour l'instauration d'une éthique pour les entreprises et une véritable politique salariale»
Photo: Slimene SA. Dans cet entretien, M. Boualem M'Rakech , président de la Confédération algérienne du patronat (CAP), une des organisations signataires du pacte économique et social, répond à des questions inhérentes à la prochaine tripartite qui se tiendra, en principe, le 3 décembre prochain. Il évoque les propositions que son organisation compte soumettre et prôner à l'occasion de l'instauration d'une alliance entre les trois partenaires afin de consolider le cadre de concertation comme il suggère d'aller vers une véritable politique salariale. La mise en place d'une éthique pour les entreprises afin de lutter contre l'informel est également impérative pour la CAP. A propos du match Algérie/Egypte, M. M'Rakech est convaincu que les Verts reviendront du Caire avec une victoire qui leur ouvrira les portes du Mondial. Nous sommes à la veille de la tenue de la tripartite. Quel caractère revêt ce rendez-vous ? Avant de parler de cette importante réunion, il faut présenter la CAP. Notre organisation va bientôt fêter ses 20 ans d'existence. La CAP a un niveau d'envergure par rapport à ses structures implantées à travers tout le territoire national en plus de ses 15 Fédérations représentant l'ensemble des activités des biens et des services. Elle a toujours été omniprésente en participant avec des propositions ayant trait à l'amélioration de la situation des entreprises et le développement d'une façon générale de l'économie nationale. A travers ses structures spécialisées dans divers secteurs, elle a pu s'imposer par ses propositions et solutions données pour le règlement de plusieurs problèmes entravant le développement des entreprises. Notre participation a toujours été active et nous comptons aller à cette prochaine tripartite non seulement pour soulever des préoccupations mais également pour apporter notre contribution à travers des suggestions. Le Premier ministre a demandé justement à tous les concernés par cette réunion de soumettre des propositions pour arrêter l'ordre du jour comme il a demandé à ce que chacune des parties établisse une évaluation des actions entreprises dans le cadre de ses engagements dans le pacte économique et social ainsi que des projections pour l'avenir. Justement dans le mémorandum que vous avez préparé en perspective de cette rencontre, vous avez défini les préoccupations de la CAP. Peut-on connaître le contenu ? Effectivement, nous avons préparé un mémorandum comme on l'a toujours fait. Il n'est pas complètement finalisé. Nous ne pouvons pas s'étaler sur tout le contenu mais en résumé, nous pouvons dire que ce mémorandum résume l'ensemble des préoccupations et problèmes auxquels fait face aujourd'hui l'entreprise nationale, publique soit-elle ou privée. Nous avons également introduit des solutions à même de redynamiser le secteur de production et de productivité et la relance économique. Cette tripartite intervient dans un contexte économique particulier. Pouvez-vous nous dresser un état des lieux de la situation dans laquelle se trouve aujourd'hui l'entreprise nationale ? Il n'est un secret pour personne que l'environnement de l'entreprise est caractérisé malheureusement par une bureaucratie, d'un système financier peu satisfaisant, de la corruption, sans omettre le secteur informel que nous devons assainir. Nous ne pouvons, certes, traiter toutes ces questions en deux jours de réunion de la tripartite soit en plus de 12 heures de travail mais nous comptons soulever ces problèmes. Notre objectif est d'arriver dans le cadre de notre concertation à des solutions harmonieuses qui répondront aux attentes des uns et des autres. Les entreprises sont soumises à des obligations alors qu'elles ne sont pas suffisamment protégées par rapport à l'informel et à d'autres problèmes. Au niveau de la CAP, nous préconisons une discussion sérieuse sur la base de solution commune. En tant que partenaire, nous allons demander aux pouvoirs publics de prendre des dispositions à même de mettre un terme à ce phénomène. Nous savons bien qu'il y aura des retombées sociales, comme le chômage, à prendre en considération, raison pour laquelle nous pensons qu'il est impératif de mettre des dispositions drastiques pour régulariser ce secteur que nous subissons et qui ne doit, normalement, pas exister. Que préconisez- vous justement pour parer à ce genre de situation ? Pour régler ou du moins réduire toutes ces difficultés, nous pensons qu'il nécessaire, voire urgent d'instituer une force d'action entre les parties, une action qui va être participative pour aboutir à des objectifs significatifs. Cela ne peut se réaliser sans la création d'une alliance entre les trois partenaires. Au même titre que les autres partenaires, la CAP a-t-elle soumis des propositions qui vont être débattues lors de la tripartite? Effectivement, nous l'avons fait le week-end dernier. Dans le cadre des dispositifs et mesures pour favoriser les vraies richesses nationales, nous pensons qu'il y a lieu de discuter sur la capacité nationale des entreprises. Aujourd'hui, c'est l'Etat qui décide de l'application d'un dispositif, néanmoins, la charge doit être partagée car l'entreprise a une grande part dans la croissance, dans la création de l'emploi et dans la richesse. Les entreprises algériennes ont eu une série de difficultés de tous genres, ce qui fait qu'il est nécessaire de recommander de rédiger ensemble une vraie plateforme de développement dans le cadre des discussions que nous aurons avec nos partenaires. Cette plateforme servira, comme, d'ailleurs le pacte économie et sociale, à définir les actions à entreprendre de telle manière à matérialiser la démarche des pouvoirs publics valorisant l'outil national économique. D'autant plus que l'entreprise a des responsabilités, la CAP propose dans le cadre de ce dialogue la création des commodités efficaces pour une bonne évolution de l'entreprise pour que celle-ci soit performante et assure un gain de productivité. Il faut consacrer à l'entreprise un espace dans le cadre de sa vie professionnelle. A mon sens, il faut instaurer une éthique professionnelle pour les entreprises qui encadrera ses droits et ses obligations. Nous envisageons également d'évoquer les mesures contenues dans la loi de finances complémentaire de 2009. Nous ne sommes pas pour l'assistanat de l'Etat. La revalorisation du SNMG est une instruction du Chef de l'Etat. La Centrale syndicale espère une augmentation allant jusqu'à 18 000 DA. Qu'en pensez-vous ? A mon sens, le plus important n'est pas de savoir à combien le SNMG sera relevé car cela peu importe. Mais le plus approprié est de régler la question salariale dans le fond. Il y a des paramètres à prendre en considération. Nous devons se baser sur des indices reflétant réellement la situation socio-économique et introduire un facteur important, celui de l'inflation. Il faut une véritable politique salariale en Algérie. L'objectif étant d'équilibrer le pouvoir d'achat et d'un autre assurer la pérennité à l'outil de production. Cela étant dit, il ne peut y avoir un plafond pour l‘augmentation du SNMG car tout est relatif. Il est tributaire des discussions et des arguments des trois partenaires qui doivent s'accorder à adopter à la fin une seule vision. En ce qui concerne actuellement le traitement des salaires, la CAP a fait une proposition d'assurer des conditions appropriées afférentes aux salariés. C'est à travers la signature des conventions de branche. Un des points les plus importants proposé par le gouvernement est l'évaluation du pacte économique et social. A une année de son expiration, quel est le bilan et quel est surtout son avenir ? Oui, effectivement, il a été demandé aux partenaires sociaux d'établir l'évaluation des actions menées dans le cadre du pacte économique et social chacun pour la partie qui le concerne. La CAP dans ce domaine a créé plusieurs opportunités d'actions qui ont abouti à des résultats probants réalisés durant ces trois dernières années, soit depuis sa mise en œuvre. En effet, la CAP a toujours œuvré pour la conquête du marché international. Nous sommes partis avec plusieurs entreprises nationales spécialisées dans divers secteurs à l'étranger pour essayer justement de renforcer l'outil national. Nous avons tenu trois séminaires dont un avait trait à la formation professionnelle comme nous avons engagé de grandes actions au niveau maghrébin qui se sont consolidées par la création de l'Union magrébine des employeurs. Qu'en est-il du code du travail ? Il n'est pas encore complètement finalisé. Cela nécessite beaucoup de travail vu qu'il constitue une plateforme de plus de 800 articles. Mais il est important de souligner que ce nouveau code favorise les rapports entre les partenaires sociaux économiques. Il est en connaissance direct des problèmes de l'entreprise. Il y a un nouveau régime de travail qui est en train de s'instaurer. Il a été, certes, un peu contrarié par des calendriers qui ont surgi çà et là mais nous pensons qu'une fois mis en œuvre, il va respecter les règles universelles de défense socioéconomique. Qui sortira gagnant de la tripartite ? Nous irons volontairement pour la satisfaction des uns et des autres et pour nous protéger de tous les problèmes . Un mot sur le match Algérie–Egypte J'étais à Marseille lors du dernier match, et je vous assure que c'était remarquable ces milliers d'algériens envahissant la rue de cette ville française pour exprimer leur joie. Je suis persuadé que nous avons un bon chemin à parcourir et cela sera salutaire pour notre équipe nationale à qui nous devons faire confiance. Peu importe le score, nous gagnerons inchallah.