«Si le président Abbas a le sentiment que son projet d'établir un Etat palestinien est en danger, qu'Israël veut détruire l'idée d'un Etat palestinien, je pense qu'il ne va pas rester à sa place à la présidence et s'il n'y a pas d'Etat palestinien, il n'y aura pas d'Autorité palestinienne ou d'institutions ou de présidence de l'Autorité palestinienne», déclare Saëb Erakat, le négociateur palestinien. Mahmoud Abbas qui n'envisage pas depuis jeudi dernier de briguer un nouveau mandat à la présidentielle qu'il a convoquée pour le 24 janvier prochain, claquera-t-il la porte de l'Autorité palestinienne, de l'OLP, organisation de libération palestinienne qu'il préside et même de Fatah, son parti politique? « Oui », si les efforts actuels de l'administration américaine pour relancer le processus de paix avec Israël, suspendu depuis l'offensive israélienne contre la bande de Ghaza (décembre 2008-janvier 2009), n'aboutissent pas, répond M. Erakat. Autrement dit, si les Israéliens s'en tiennent au gel partiel des activités de colonisation en Cisjordanie tout en réclamant une reprise des discussions sans condition préalable, le président Abbas démissionnera et l'Autorité palestinienne, créée dans la foulée des accords d'Oslo de 1993, s'effondrera. «Il n'y aura ni Autorité palestinienne ni institution quelconque d'un Etat palestinien», affirment les proches d'Abbas, le regard fixé sur Washington où le président Barack Obama a reçu lundi soir pendant 90 minutes le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu pour «décortiquer» le délabrement de l'édifice de paix israélo-palestinien et l'entendre pour la énième fois lui dire sa disponibilité à «freiner les constructions» des nouvelles colonies en contrepartie d'un véto américain à toute déclaration unilatérale d'indépendance palestinienne dans les frontières de 1967. Fait exceptionnel, la rencontre entre les deux dirigeants a été entourée d'un huis clos. «Quelque chose s'est passée à Washington», affirme Dov Weisglass, l'ancien directeur de cabinet d'Ariel Sharon. Nabil Abou Roudeina, le porte-parole de l'Autorité palestinienne, redoute un nouvel embrasement de la région «si l'administration américaine ne fait pas rapidement pression sur le gouvernement israélien» pour permettre à Abbas, l'interlocuteur des Israéliens et des Américains, de rester à son poste et si la rue comprend que «la voie de la négociation a échoué». Est-ce possible ? Toute l'énergie déployée par l'administration Obama s'est heurtée au refus de M. Netanyahu de geler la colonisation. Son fléchissement exprimé fin octobre par la secrétaire d'Etat Hillary Clinton en Israël a provoqué la consternation chez les Palestiniens et les Arabes. Elle a renforcé l'impression d'une diplomatie américaine en désarroi et poussé M. Abbas qui a été «très proche» de la conclusion d'un accord de paix avec l'Etat hébreu avant l'investiture en mars dernier du cabinet de Netanyahu, à penser ne pas se représenter en janvier prochain et à laisser la voie libre à Marwan Barghouti, le chef des Tanzim qui purge depuis 2002 dans une prison israélienne en haute sécurité cinq peines à perpétuité. Seul couac, le temps que le Fatah négocie la libération du «Mandela palestinien» Netanyahu aura le temps d'achever le dernier espoir de création d'un Etat palestinien indépendant, Shaoul Mofaz le numéro 2 de Kadima et ex-ministre de la Défense, de lancer des discussions avec Hamas pour lui …promettre dans un an 60% de la Cisjordanie.