Depuis la disparition du leader historique de la cause palestinienne, Yasser Arafat, décédé le 11 novembre 2004, à l'âge de 75 ans, alors qu'il était hospitalisé à l'hôpital militaire de Clamart, près de Paris, la division règne au sein des rangs palestiniens, éloignant davantage la possibilité d'instauration d'un Etat. Des milliers de Palestiniens se sont rassemblés hier à Ramallah pour commémorer le cinquième anniversaire du décès du leader historique Yasser Arafat, dans un contexte marqué par l'affaiblissement de l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, laquelle traverse une grave crise politique. C'est l'amère vérité que reconnaît le principal négociateur palestinien Saëb Erakat en déclarant : “Le moment de vérité est venu et nous devons être francs avec le peuple palestinien (et lui dire) que nous ne sommes pas parvenus à une solution à deux Etats (israélien et palestinien) après 18 ans de négociations .” Faisant allusion à la décision de Mahmoud Abbas de se retirer de l'Autorité palestinienne, Erakat affirme : “Je pense que le président Abbas est arrivé au point où il faut dire qu'Israël ne veut pas de solution ou de processus de paix qui mènent à l'établissement d'un Etat palestinien indépendant.” Pour rappel, Mahmoud Abbas, qui avait annoncé jeudi dernier sa décision de ne pas briguer de nouveau mandat lors des élections générales palestiniennes, convoquées pour le 24 janvier, en raison du blocage du processus de paix, menace maintenant de démissionner de son poste. Ce geste est interprété comme un moyen de faire pression sur les Etats-Unis afin qu'ils persuadent leur allié israélien de geler la colonisation en Cisjordanie occupée. Hier, Mahmoud Abbas a de nouveau réclamé le démantèlement de toutes les colonies israéliennes dans les territoires occupés, lors d'un discours lors de ce rassemblement en criant haut et fort : “Il est de notre droit de demander le démantèlement de toutes les colonies, car elles sont illégales.” Le refus d'Israël de geler la colonisation a convaincu les Palestiniens qu'“Israël ne veut pas d'Etat palestinien sur les terres occupées en 1967”, estime Saëb Erakat. Il ajoute qu'à partir de cette situation, les Palestiniens ne sont pas près de reprendre les discussions à n'importe quel prix, car il s'agit d'“un point de non-retour”, et qu'il faudra un “mouvement international sans précédent” pour faire fléchir Israël. Le négociateur palestinien avertira que “l'Autorité palestinienne n'a pas été créée pour mettre en place une Autorité, mais comme une étape transitoire sur le chemin d'un Etat palestinien indépendant. Elle ne va pas durer éternellement”. Ceci étant, après les appels des dirigeants israéliens, à leur tête Shimon Pères, en direction de Mahmoud Abbas, afin qu'il renonce à cette idée de démission, ce fut hier au tour du président français Nicolas Sarkozy d'en faire autant. En effet, le chef de l'Etat français, qui recevait hier le Premier ministre israélien, s'est entretenu mardi au téléphone avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, qu'il a encouragé à “poursuivre son action au service des Palestiniens et de la paix”. Selon le communiqué du palais de l'Elysée, Nicolas Sarkozy “a encouragé M. Abbas à poursuivre son action au service des Palestiniens et de la paix et l'a assuré du soutien actif de la France pour parvenir à une véritable relance du processus de paix sur les bases agréées par les parties et la communauté internationale”. Par ailleurs, le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner a reconnu mardi un “vrai différend politique” entre Benjamin Netanyahu et le président français sur la question de la colonisation, en affirmant : “Nous pensons toujours que le gel des colonisations, c'est-à-dire ne pas coloniser pendant qu'on parle (de parvenir à la paix), serait absolument indispensable." Il a déploré qu'il n'y ait plus en Israël d'"aspiration à la paix”, en émettant l'observation : “Il me semble, et j'espère me tromper, que cette aspiration a disparu comme si l'on n'y croyait plus.”