Plus de 60 chefs d'Etat et de gouvernement, dont le président Bouteflika qui sera représenté par Mourad Medelci, se pencheront à partir d'aujourd'hui et trois jours durant, sur une « tragédie» humaine : 1,2 milliard de personnes, dont 265 millions sont Africains, souffrent de la faim dans le monde et toutes les six secondes, un enfant en meurt. Si pour ne pas faillir à la tradition, les dirigeants du G8, à l'exception de l'Italien Silvio Berlusconi, brilleront par leur absence, probablement pour ne pas être interpellés sur leur engagement pris en juillet dernier de consacrer 20 milliards de dollars sur trois ans à l'agriculture, Jacques Diouf, le directeur de la FAO, Organisation pour l'agriculture et l'alimentation, et Ban Ki-moon, le secrétaire général de l'ONU, Organisation des Nations unies, ont tenu, avant ce sommet, à observer une grève de la faim de 24h symbolique pour «sensibiliser l'opinion publique sur la sécurité alimentaire» et «appeler les Etats à prendre des engagements concrets». Pour montrer qu'éradiquer la faim n'est pas une utopie, la FAO publie un document qui passe sous silence une proposition visant à éradiquer la faim d'ici 2025. Elle suggère au monde de suivre l'exemple de pays qui «vont à contre-courant» de la faim. Comme l'Algérie, l'Arménie, le Brésil, le Nigeria, le Vietnam, le Malawi et la Turquie qui sont parvenus à réduire le nombre de personnes sous-alimentées depuis les années 90 et qui sont aujourd'hui sur la bonne voie pour diviser par deux la faim d'ici 2015. Selon Diouf, une nouvelle crise alimentaire mondiale ne peut pas être exclue et 31 pays (20 en Afrique et 11 en Asie) sont en situation de grave insécurité alimentaire. Dire qu'il suffit d'accroître la production agricole de 70% pour remporter le combat contre la faim et pouvoir nourrir plus de 9 milliards d'habitants d'ici 2050 et de porter les investissements dans l'agriculture qui sont actuellement de 8 milliards de dollars par an à 44 milliards et que le FMI a vu son budget multiplié par trois (750 milliards de dollars contre 250 milliards) en 2009 par une décision du G20 ! En manque de fonds, le Programme alimentaire mondial (Pam), le pompier des crises alimentaires, pourrait relancer son appel, le premier, aux particuliers. Selon sa directrice général, Josette Sherran, «si un milliard d'habitants du monde industrialisé donnent un euro par semaine, cela suffira à nourrir ceux qui en ont le plus besoin». Des ONG rassemblées pour un forum de la société civile en marge du sommet sont sceptiques. Certaines ont dénoncé ce sommet qui «risque d'être un gaspillage de temps et d'argent». «La Déclaration qui sera signée à Rome ne fait que ressasser de vieilles platitudes et les pauvres ne peuvent pas se nourrir de promesses» estime Francisco Sarmento, d'ActionAid. Oxfam dénonce la tendance des pays riches à « favoriser l'utilisation de fertilisants chimiques et de nouvelles technologies, notamment en Afrique où désormais, une naissance sur quatre dans le monde a lieu» au lieu d'«encourager le développement durable et l'agro-écologie».