Comparativement à d'autres wilayas du pays, le prix du mouton est moins élevé à Tamanrasset. En effet, ici, le coût d'un agneau est de 9 000 dinars, alors qu'un bélier est cédé à 15 000 dinars, tandis qu'il a dépassé largement la barre des 30 000 dinars dans la steppe et le nord du pays. C'est dire que contrairement aux fruits et légumes qui se vendent à des prix parfois exorbitants dans cette région d'extrême sud, le mouton n'a pas pris d'ailes dans la capitale de l'Ahaggar. Au cours d'une virée dans les marchés à bétails situés à quelques encablures du chef lieu de wilaya, nous avons constaté de visu la différence des prix. En cette matinée automnale, une vingtaine de maquignons s'installe déjà au marché de Sersouf dans un calme que troublent, par intermittence, les bêlements des moutons qu'on fait descendre des camions, ainsi que les vrombissements des moteurs. En connaisseurs avertis, les maquignons se bousculent pour choisir les meilleurs endroits où devront être mises les bêtes. Les plus chanceux réussissent sans coup férir à se mettre juste à l'entrée du marché et parviennent facilement à vendre leurs bêtes. Installé à quelques mètres de l'entrée du souk, un vieux maquignon souligne que « cette place est la mieux indiquée, voire stratégique puisque elle permet aux acheteurs de choisir le mouton qu'ils veulent sans se salir ni perdre du temps ». Huit heures sonnantes, il n'y a pas encore foule au marché, le froid étant glacial dans cette région désertique. Cependant, les gens arrivent par petites grappes à mesure que le soleil lâche ses dards. Calme jusque-là, l'aire réservée au bétail s'anime soudainement, comme par enchantement. Le vacarme monte de plusieurs crans avec l'affluence d'acheteurs, de badauds, mais surtout de revendeurs en quête de bonnes affaires. A quelques jours de l'Aïd, ces derniers, dit-on, ne ratent jamais une telle aubaine pour gagner, autant que faire se peut, l'argent nécessaire en pareille circonstance. Les gamins, accrochés aux pans des djellabas de leurs parents sont surexcités par une telle ambiance et ne veulent en aucun cas rentrer chez eux bredouilles. Et devant l'insistance de leurs rejetons, les parents acquiescent poliment. Un père de famille affirme qu' « il est vrai que le prix du mouton n'est pas élevé, mais vu la cherté de la vie, économiser 9 000 dinars n'est pas une sinécure ». Toujours est-il que pouvoir d'achat oblige, tout le monde parle des prix du mouton dans un remue-ménage indescriptible. Nous accordant un brin de causette, Ahmed, maquignon de son état, pense que la race ovine en général, le mouton en particulier, est moins chère dans la région pour de multiples raisons. Ce septuagénaire pense que «l'abondance de moutons est à l'origine de la baisse du prix ici». Tous les maquignons interrogés corroborent l'information, en répondant que cette année l'abondance de moutons est à l'origine de cette baisse des prix. Il est à souligner aussi que certains éleveurs importent du Mali et du Niger le mouton, chose qui a contribué à stabiliser, voire baisser les prix. Par ailleurs, satisfaits du don divin, les éleveurs sont unanimes à dire que la providence n'a pas été avare, puisque depuis début août dernier des pluies tombent régulièrement sur toute la région, alors que les habitants soutiennent ne pas avoir vu autant de pluie depuis au moins trente ans. Grâce à l'abondance de l'eau, les perspectives de pâturage sont très satisfaisantes pour le cheptel camelin et ovin de la région et même pour ceux du nord du Mali ou du Niger qui ne vont pas tarder à transhumer.