Le monde aura les yeux rivés sur Copenhague à partir d'aujourd'hui: les dirigeants des 192 pays membres de l'Organisation des Nations unies, dont le Président Abdelaziz Bouteflika qui parlera au nom du groupe Afrique, s'attèleront d'ici le 18 de ce mois à rechercher les nouvelles cibles de réduction de gaz à effet de serre qui remplaceront les cibles établies dans le protocole de Kyoto qui expire en 2012 et déterminer l'ampleur de l'aide financière aux pays en développement pour les aider à adopter des énergies vertes. D'autres sujets comme la fonte des glaces, la dégradation de la qualité des eaux, les déchets, la surconsommation, seront débattus. Près de 15 000 diplomates, politiques, journalistes, activistes, lobbyistes, y sont attendus. «Nul besoin de rappeler qu'il est de l'obligation des pays industrialisés d'honorer leurs engagements et de faire des propositions concrètes et ambitieuses pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre» a déclaré le président Bouteflika dans un discours lu en son nom, par M. Cherif Rahmani, le ministre de l'Aménagement du territoire, de l'Environnement et du Tourisme, lors de la réunion des chefs d'Etat et de gouvernement du Comité des dix de l'Union africaine (UA) sur les changements climatiques à Addis-Abeba. L'Afrique, le continent le plus vulnérable au réchauffement, exigera des « réparations, dédommagements et respect des engagements des pays développés » : selon l'ONU, sa productivité agricole pourrait chuter de 20 à 40% si la hausse de températures dépasse les 2 degrés et plus de 300 000 personnes meurent par an à cause de ces effets climatiques. A Copenhague, elle insistera sur la « responsabilité historique » des pays du Nord dans l'accumulation des gaz à effet de serre dans l'atmosphère et ses multiples effets néfastes comme le changement du cycle de l'eau et de l'agriculture. Elle rappellera aussi qu'elle ne pourra pas sacrifier son développement économique pour réduire les migrations massives des populations où les plus faibles seront touchées plus durement et rapidement, et, les conflits internes aux pays comme le Darfour causé en partie par le climat. Elle demandera des ressources financières et des technologies nécessaires. L'Union Européenne estime les besoins des pays en développement à 100 milliards d'euros par an. Insuffisant, jugent les pays en développement demandant 300 milliards de dollars. L'Afrique avec ses vingt-deux des vingt-huit pays les plus menacés par les conséquences du réchauffement planétaire, a besoin, à elle seule, selon certains experts, de 100 milliards de dollars par an jusqu'en 2020. Dans la capitale danoise, si les Africains parleront d'une voix, il ne sera pas de même pour les Arabes qui seront touchés dans les mêmes proportions par les changements climatiques. Selon Mohammad el-Ashry, l'ancien président du Fonds mondial pour l'environnement et expert dans les négociations climatiques « il y a un manque de coordination au niveau politique ». Pour sauver la Terre dont même l'avenir des œuvres d'art et des vestiges historiques est en danger, le Groupe d'experts sur l'évolution du climat estime que l'élévation de la température terrestre moyenne ne doit pas dépasser les 2°C par rapport à 1850 (soit l'époque de la révolution industrielle). Autrement dit, tous les États devraient réduire de moitié d'ici 2050 leurs émissions de gaz à effet de serre. Selon le Réseau Action Climat, la Terre est loin des objectifs chiffrés : 40% de réductions des émissions à l'horizon 2020, préconisé par le groupe d'experts. Selon les derniers calculs, la baisse tournerait autour de 10 à 18% et une augmentation de deux degrés d'ici 2050, provoquerait un risque d'extinction de 30 % des espèces végétales et animales. Pour presser les délégués à s'entendre et ne pas renvoyer les travaux au sommet de Mexico en 2010, des milliers d'ONG sont sur le pied de guerre dans la capitale danoise où leurs militants pourraient conduire des actions spectaculaires. La Suède qui préside l'Union européenne compte amener les participants à accepter de réduire 50% de la déforestation en dix ans et 100% en 20 ans.