En ces moments de focalisation sur la question du réchauffement climatique, l'attention est détournée de la crise mondiale, qui n'a pas encore plié bagages. Pourtant, l'Occident dans son ensemble, en dépit de tout son potentiel et sa suprématie économiques, est en proie à cette crise. La taxe carbone, dont les Européens ont dressé un texte sur mesure qui sert leurs intérêts fiscaux et ceux de leurs entreprises, n'intègre pas la pollution par le charbon, et se veut essentiellement une solution, non pas à la problématique question des émissions de gaz à effet de serre, mais plutôt un des nombreux moyens de réduire le déficit budgétaire occasionné par la débâcle financière de 2008 et ses suites, dont les répercussions sur la croissance et l'emploi risquent de s'étendre à la décennie qui arrive. Pourquoi donc ne pas faire payer la facture aux pays en développement qui possèdent la ressource ? C'est un peu l'histoire allégorique des animaux malades de la peste où c'est l'animal qui se trouve au bas de la chaîne alimentaire et qui peut le moins se défendre qui doit payer le prix le plus fort. Ironie du sort, cet animal est exsangue et ne peut rien donner que la peau qu'il a sur les os. Mal venu en ces temps de crise où les solutions ne seront que des demi-mesures, le débat sur le climat est aussi bien venu pour occulter une crise source de tensions multiples et d'échecs politiques des gouvernants occidentaux. En fait, l'économie occidentale a du mal à digérer et à gérer cette crise, car elle est structurée à travers des modèles de gestion qui ont depuis longtemps fini de régler leurs comptes avec le social, faisant de l'économique le seul truchement par lequel les crises sociales se résorbent. Mais en l'absence de croissance, l'économie ne peut rien contre les symptômes sociaux de la crise, et c'est pratiquement une nouvelle approche qui est sollicitée. Et face à la tentative panique de sortir de la crise financière, avec son lot de renflouements massifs des banques en faillite, la débauche financière ne permet que peu d'égards pour les questions du chômage et de la misère sociale. Ceux qui ont vécu au-dessus de leurs moyens durant trois décennies, refusent aujourd'hui d'admettre l'idée de vivre au moins une décennie d'austérité. D'où des solutions biaisées qui invoquent un problème vieux de vingt ans, et réellement crucial pour l'humanité, mais qui surgit opportunément en 2009, pour créer une psychose, à l'instar du 11 septembre 2001, qui fera oublier la crise économique et ses méfaits. L'austérité, devant l'idée d'une menace sur toute l'humanité, devient non pas une fatalité économique, mais une nécessité de l'heure pour préserver l'écosystème planétaire. Une menace, pourtant, qui ne trouve les moyens de lutte qu'aux dépens de la prospérité, puisque à ce jour, l'enjeu est de réduire les émissions de gaz, et donc de produire moins par des moyens non polluants. Autrement dit, fermer des usines, convertir des techniques et des technologies, investir massivement dans le renouvelable, etc. Une ère qui laisse entrevoir des possibilités de croissance, mais qui obère la gestion urgente de sortie de crise par l'austérité énergétique qu'elle suppose. Pourquoi alors l'Occident se fait-il violence, en posant la menace climatique aujourd'hui, et pas dans les années 90 ? Pour conforter sa vocation démocratique en ayant l'air de répondre aux aspirations des peuples et non à celles des multinationales qui, elles, décideront, dans les instances législatives des grandes puissances, à quel moment ce carnaval sur le climat devra devenir effectif. Et puis, pour donner bonne conscience à cette démarche « très sérieuse » sur le climat, il suffit de faire en sorte qu'elle débouche sur un fiasco, du fait de divergences irrémédiables, notamment celles qui opposent Américains et Européens, et encore celles qui opposent les intérêts des pays pauvres et des pays riches.