Qui n'en parle pas ces jours-ci ? Au fur et à mesure que le bilan des victimes de la grippe A est revu à la hausse, des citoyens cèdent à une inquiétude grandissante. Ce n'est peut-être pas encore la psychose mais la ruée sur les pharmacies, indique, en tout cas, que le virus H1N1 fait paniquer. Les parents ont surtout peur pour leurs enfants et beaucoup de femmes enceintes plongent dans la déprime. La maladie est d'autant plus redoutée qu'elle est nouvelle et qu'on n'y a jamais fait face. Aucun remède, même le plus rudimentaire qui relève de la pharmacopée traditionnelle, ne peut soulager et rassurer des patients. Ce sentiment d'impuissance est d'autant plus affirmé que l'effet de la médiatisation globalisée a permis de voir que même les pays développés ont peine à faire face à la pandémie. C'est dans la nature des hommes de redouter les catastrophes annoncées. Cela a été vérifié déjà lors du séisme de Boumerdès et de l'épidémie de la grippe aviaire. Elle n'avait contaminé personne mais l'angoisse était présente. Les premiers jours qui suivent ou préludent aux sinistres charrient toujours peur et méfiance. On s'est même rendu compte que ces périodes sont propices à l'émergence de croyances anachroniques. N'a-t-on pas voulu lier, il y a quelques mois, a grippe porcine à l'élevage et à la consommation du porc ? La première ligne de défense est dans la prévention, d'expliquer à nos concitoyens que le virus H1N1 prospère chez les sujets en manque d'hygiène et en déficit de vigilance. La grippe porcine est en premier lieu une maladie qui n'épargne pas en fonction de termes moraux. A ce titre, elle se combat par des dispositifs, des vaccins et une hygiène de vie. Les incantations morales ne seraient d'aucun secours. Il faut savoir raison garder et appréhender ces périls avec ce qu'il faut de lucidité. Rien n'est plus faux et erroné que de croire que la population est livrée à elle-même. Bien avant le démarrage de la vaccination, le Tamiflu est disponible dans les structures sanitaires. Les malades déjà atteints par le virus sont isolés des autres malades pour éviter la contagion. Les élèves dans les écoles primaires et collèges sont placés sous haute surveillance. Les pouvoirs publics n'ont pas attendu ces derniers jours pour mettre en place les structures chargées de surveiller l'évolution du mal. La mobilisation est devenue l'affaire de tout le monde. Même les pharmaciens ont manifesté leur disponibilité à assurer la distribution gratuite des masques. Ailleurs, la grippe porcine commence à reculer. Du moins le seuil de gravité a été dépassé. Tout indique que notre pays va vivre le même cycle. A l'affolement des premiers jours va succéder une autre phase plus sereine. Les efforts seront davantage concentrés sur le combat contre la grippe que sur la fragilité psychologique qui reste un effet normal et inévitable.