Au soir du 17 janvier, le retour aux affaires de la droite chilienne confirmera-t-elle la fin de cycle de la gauche au pouvoir depuis l'éviction du sanguinaire Pinochet ? Les résultats du premier tour attestent de la montée en puissance du candidat de la droite, le multi milliardaire Sebastian Pinera, crédité de 44,03% de voix et bien parti pour succéder à la présidente Michele Bachelet constitutionnellement empêchée de concourir pour un second mandat. L'échec de la gauche désunie, représentée par l'ex-président Eduardo Frei (29,62%), le candidat indépendant de la « gauche progressiste », Marco Enriquez-Ominami (20,12%), et le communiste Jorge Arrate (6,21%), exprime la profondeur des divisions et des divergences qui fragilisent une expérience pourtant riche d'une avancée réelle de la démocratie et du bilan plus que satisfaisant de Bachelet affichant, au terme de son mandat, une côte de popularité estimée à 77%. Le recul est aussi le fait de la désaffection d'une partie de l'électorat par la politique de redistribution jugée insuffisante et l'absence des progrès dans les domaines de la santé et de l'éducation. La grande inconnue du 2e tour réside dans le comportement électoral des deux perdants de la famille de gauche. En ballottage défavorable, le représentant de la Concertation, Eduardo Frei, profitera-t-il des avantages du report de voix qui lui permettent de combler l'énorme différence de 14% de voix du 1er tour ? L'issue finale est totalement déterminée par le rôle d'arbitrage dévolu notamment au candidat indépendant Ominami adoptant une position de neutralité dans la bataille du 17 janvier. A coup sûr, celui qui est présenté comme « le cauchemar de la gauche » est en position de décider de l'avenir du « nouveau Chili » partagé entre l'appel au renouveau de la droite et la continuité incarnée par la fidélité à l'héritage de Michele Bachelet.