«On ne peut pas être amis avec les alliés de notre ennemi». C'est l'une des phrases que le regretté Président Houari Boumediene a prononcée dans l'un de ses discours, diffusés dans un documentaire jeudi dernier au forum El Moudjahid, à l'occasion du 31e anniversaire de sa mort, en présence de députés, diplomates et d'ambassadeurs ainsi que de son épouse Anissa Boumediene. «Après l'indépendance, les pays développés ont pensé à une autre stratégie pour préserver leurs intérêts dans le monde arabe. Cette stratégie est Israël. Pour que la Palestine recouvre son indépendance, nous devons faire la guerre à Israël ainsi qu'à ses alliés», telle était la conviction du défunt Président Boumediene. «Il ne s'agit pas d'une guerre de religions. L'Islam est la religion de la liberté et n'est pas basé sur le racisme. Nous n'avons rien contre les juifs qui habitaient la Palestine avant la création d'Israël. Les juifs vivent même en Algérie, en Tunisie, au Maroc, en Egypte. Mais nous sommes contre les juifs qui ont occupé la Palestine en chassant ses véritables habitants». «Pour réussir cette guerre, il faut que tous les pays arabes s'unissent. Nous n'avons pas besoin qu'on nous «civilise». Rappelons ce qu'a dit l'Emir Abdelkader. Il a dit que si l'Algérie tombe, le monde arabe tombera aussi. Et c'est exactement ce qui s'était passé. La guerre que nous menerons contre Israël sera également contre le colonialisme et l'impérialisme», a-t-il souligné dans son discours. Un discours clair, estime Abdelmadjid Chikhi, directeur général de l'institut des archives, qui a suivi la projection, qui en dit long sur la position de l'Algérie concernant non seulement la cause palestinienne mais également toutes celles qui appellent à l'indépendance. «Il est tout à fait naturel pour l'Algérien de se battre pour la liberté. C'est dans sa mentalité. Car il est convaincu qu'il s'agit-là d'une cause juste. Il est convaincu que par la volonté, le peuple peut changer son destin. Il n'accepte pas l'oppression ni pour lui ni pour les autres. C'est sur cette conviction que se construit la personnalité politique de Boumediene», explique M. Chikhi. Dans le même contexte, il rappelle que l'Algérie a soutenu, et soutient toujours, les mouvements de libération non seulement dans le monde arabe mais aussi dans les pays européens. «L'Algérie n'a jamais été une simple observatrice. Grâce à sa révolution, elle était présente dans chaque mouvement de libération et jouissait d'une position particulière», précise-t-il. Toutefois, entrer en guerre n'est pas chose aisée. «Houari Boumediene a annoncé, dans l'un de ses discours, des perturbations que pourraient connaître les pays arabes, dont l'Algérie. Le président a affirmé dans un discours en 1974 que l'Algérie allait passer par une période de tempête», souligne-t-il. L'épouse de l'ancien président affirme pour sa part que l'indépendance économique était primordiale pour Boumediene. «Après l'indépendance, c'était sa préoccupation principale. Il a commencé par installer les cadres et infrastructures économiques puis a nationalisé les hydrocarbures pour ne plus être dépendants des autres», dit-elle. Dans le même sens, M. Chikhi ajoute que dans la nationalisation des hydrocarbures, l'Algérie a été un exemple à suivre. «Je ne dis pas que l'Algérie est une école. Mais elle a pris des initiatives qui ont abouti. Les autres pays sont libres de les suivre ou pas», conclut-il.