Les capitales occidentales, à la demande expresse de Washington, adoptent la garde haute pour conjurer le péril terroriste qui frappe de nouveau aux portes de l'Occident fortement ébranlé par l'attentat raté contre l'Airbus A 330 du Delta Airlines entrepris par le jeune étudiant nigérian, Abdulfarouk Abdulmutaleb, inscrit sur la liste des 550.000 suspects et présenté comme un élément d'El Qaïda. Des mesures draconiennes sont prises. Outre les perturbations des vols (1 à 3 heures de retard), les procédures de contrôle ont été renforcées : pas de liquide dans les sacs de voyage, examen scrupuleux des chaussures aux rayons X, palpations après le passage du portique. Les règles à bord sont tout aussi strictes : pas de déplacement, pas de bagage en cabine, pas d'effets personnels ou d'autres affaires posées sur les genoux. Le voyage de l'angoisse peut commencer. « Une heure avant l'atterrissage sur un aéroprt américain, les passagers devront rester assis et ne pourront avoir aucun bagage près d'eux ou sur une couverture. Le système de divertissement en vol ne sera par ailleurs éteint », annonce le porte-parole de Singapour Airelines cité par le Sunday Times. La « guerre contre le terrorisme international », qualifiant la « doctrine Bush » en faillite totale, n'est pas donc finie. « C'est dur de dire que nous ne faisons que récolter ce qu'on a semé. Ma vraie peur, c'est qu'il y en aura d'autres », confie Douglas R. Laird, l'ancien directeur de Northwest Airelines. Cette panique est motivée parle fait que l'auteur de l'attentat a réussi son passage dans l'un des aéroports les plus gardés du monde. Elle est confortée par le sentiment que les mesures les plus sophistiquées (rayons X, scanners corporels, détecteurs des explosifs) se sont révélées inefficientes. Nombreux sont les spécialistes qui reconnaissent la vanité du « risque zéro ». Depuis le double attentat du 11 septembre, l'arme destructrice des « bombes volantes » a campé l'univers des transports aériens, à Londres déjouant un complot terroriste, en 2006, lors de la tentative de Richard Reid de faire sauter le vol Paris-Miami, à Francfort (14 septembre 2007), à Glasgow (29 juin 2007) et à l'aéroport JFK de New York (juin 2007) ciblés par des incendies criminels. Tout comme le 11 septembre, l'Amérique de Bush à Obama, touchée dans ses symboles les plus forts, est confrontée au péril terroriste qui est loin d'être réductible à la vision erronée du « tout sécuritaire » plombant la décennie des dérives liberticides et du régime d'exception.C'est assurément dans les fondements mêmes de l'empire qui change de main sans changer de nature que les causes profondes légitimantes assurent les conditions objectives de la régénération et du développement du mal planétaire. L'injustice historique infligée à la Palestine livrée à la barbarie sioniste, le chaos irakien généré par la monumentale « erreur » des néo-conquistadors républicains et l'expédition afghane mue en bavures à répétition font que le désordre mondial de l'empire en déconfiture fera inéluctablement désordre dans l'empire.