«C'est un nouveau jour pour l'établissement de la confiance. Le peuple du Sud mérite le droit au référendum et plus encore», a lancé fièrement Yasser Armane, le président du groupe parlementaire du Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM). A l'issue de l'adoption par le Parlement soudanais d'une nouvelle loi sur le référendum d'autodétermination, prévu en janvier 2011, relatif à une éventuelle sécession du Sud, tout baigne. Une nouvelle page dans les relations inter-soudanaises s'ouvre pour mettre fin aux dissensions et construire un avenir de paix et de stabilité un vote censé unifier les Soudanais et mettre fin aux dissensions politiques. «L'approbation de cette loi n'a été introduite que pour donner aux frères Sud-Soudanais plus d'élan pour qu'ils votent pour l'unité du Soudan lors du référendum», a déclaré pour sa part Ibrahim Ghandour, député et haut responsable du Congrès national, au pouvoir. Elaborée après plusieurs mois de tractations, et enfin approuvée par le Parlement, cette nouvelle loi intègre un article réclamé par les Sudistes et supprimé par le Congrès national lors du précédent passage de la loi devant le Parlement. Cet article stipule que les populations ayant quitté la région du Sud du Soudan avant 1956, date de l'indépendance du pays, doivent voter dans le Sud. Ceux résidant hors de la région semi-autonome depuis 1956 pourront en revanche voter sur leur lieu de résidence, que ce soit dans le Nord ou à l'étranger. Face aux protestations émises par les députés du SPLM et d'autres partis sudistes, la nécessité de modifier le texte contesté a été également légitimée par le non-respect des dispositions de la Constitution intérimaire qui prévoit la «liberté de mouvement» de tous les Soudanais. Dès lors, la main tendue de Omar Bachir a consacré la quête du consensus national fortement ébranlé. La démarche référendaire est de nature à favoriser un climat de confiance et de sérénité retrouvées pour débattre des urgences soudanaises et affronter en commun les défis de l'instabilité et des ingérences manifestes des puissances étrangères qui, sous le couvert des « droits de l'homme » ignorés sous d'autres cieux, sont mues par l'attrait du nouvel Eden pétrolier d'Abyei et du Darfour. A cet effet, les parlementaires soudanais doivent encore se réunir pour voter la loi sur le référendum dans la région disputée d'Abyei, à la lisière entre le Nord et le Sud, pour entériner le choix populaire du maintien de son statut spécial au sein du Nord ou l'intégration au Sud. La réconciliation à la soudanaise, initiée en 2005 avec la conclusion de l'accord de paix global (CPA) qui a mis fin à 20 ans de guerre civile, est une avancée considérable dans la voie de la reconstruction nationale. «Nous annonçons la fin de la crise entre les deux partenaires», s'était réjoui Pagan Amum, secrétaire général du SPLM. L'espoir est de retour. En son nœud gordien, la crise soudanaise semble totalement s'estomper comme l'atteste l'optimisme du commandant de la force ONU-Union africaine (Minuad), le général Patrick Nyamvumba, affirmant, à la presse, une nette amélioration de la situation sécuritaire au Darfour ces dernières années. Un autre abcès de fixation qui a largement profité aux marchands de la mort et des drames humains. «Bien sûr, la situation sécuritaire est meilleure qu'elle ne l'était il y a deux, trois ans». Il estime cependant qu'il y a tant à faire pour relever tous les défis et ramener «le Darfour à la normalité». Une normalisation qui passe par l'engagement soudano-tchadien à faire table rase de leur passé mouvementé. Une série d'accords sur le contrôle de leurs frontières a été conclue pour consolider le processus de paix, initié par le protocole d'accord bilatéral sur la sécurité de 2006 et approfondie par l'accord de réconciliation, signé, en mai, au Qatar et prévoyant notamment la réactivation de ces pactes.«Ce qui constitue un élément clé pour avancer dans le processus de paix au Darfour», estime le porte-parole du département d'Etat, Ian Kelly. Dans cette région de tous les enjeux, le temps de la réconciliation a sonné.