Cela fait partie des marronniers, ces sujets auxquels la presse recourt quand elle manque terriblement d'inspiration. Et en août, ce n'est pas ce qui abonde le plus. Alors ? Allons-y pour la mercuriale en folie. On n'a même pas besoin parfois de vérifier ces chiffres qui varient d'un marché à l'autre et d'une ville à l'autre. Le feu est partout, lit-on et entend-on de chaque côté. A croire que la grève de la faim est l'ultime recours de consommateurs saignés. L'année d'avant, celle plus lointaine encore, le phénomène s'est répété. On oublie que le marché algérien obéit aux lois du libéralisme. Il est logique qu'une forte, voire une explosive demande sur des produits qui entrent dans la confection des plats du Ramadhan provoque une surchauffe des prix. L'approche de l'Aïd permet de constater ce phénomène pour les moutons. Le Ramadhan 2009 qui survient en pleine période de fête et coïncidant de surcroît avec la saison des vacances propice aux dépenses a accentué l'effet hausse. La boulimie durant la première semaine n'est pas une vue de l'esprit. Une fois que les yeux se remettent à manger moins que le ventre, les prix retombent des cimes. Les consommateurs sont aussi responsables de leurs choix. L'individu a une responsabilité de ses décisions d'achat. Il existe certes une catégorie d'Algériens qui, grâce à leurs salaires ou à leurs affaires, vivent au-dessus de ces préoccupations. On en parle hélas très peu. Le pouvoir d'achat de la majorité en prend un coup. Que peut et que doit faire l'Etat ? C'est l'autre interrogation qui accompagne toujours sur le ton de l'impuissance les habituels constats sur l'état des marchés. Dans toute économie libérale, il a un rôle reconnu de régulateur qui se traduit par l'interdiction de s'entendre sur les prix qui équivaut au monopole. L'Etat n'intervient pas pour fixer le niveau des prix. Sa mission consiste à mettre en place les conditions d'une vraie concurrence qui permet l'émergence de prix réels et concurrentiels. Il faut reconnaître qu'à ce niveau les pouvoirs publics ne maîtrisent pas encore le circuit de distribution des marchandises. Entre le producteur de base et le détaillant s'interfère une longue chaîne d'intermédiaires. Chacun ponctionne à son niveau et en fin de compte c'est le consommateur qui paie l'addition. L'urgence est de casser cette spirale qui alimente l'inflation. Un premier pas a été pris lorsque le ministère de l'Agriculture a pris la décision de stocker certains produits de large consommation pour réguler à des périodes de tension le marché. L'heure est venue de revoir le rôle de l'Etat dans la revente, le système des marges bénéficiaires. Sans vanter les mérites d'un interventionnisme tatillon, il est clair que pour les produits de large consommation des magasins d'Etat en relation directe avec le producteur à travers un réseau de marché est une piste à explorer. Dans un pays à l'économie libérale, l'Etat intervient sur les prix essentiellement par les impôts et les taxes. Encore faut-il avoir une administration fiscale à l'abri des tentations et possédant les moyens de sa politique.