Photo : Makine F. Le financement des grands projets n'a été assuré que « par les banques publiques qui ont supporté la part léonine», ont reconnu des experts sur les nouvelles techniques de financement des grands projets. La Banque publique, la BEA, s'est d'ailleurs engagée sur 10 projets, dans le dessalement d'eau de mer, (5 usines), les centrales électriques (3) dont celle de Hassi Rmel, à cycle combiné, la fabrication d'ammoniac et d'urée (2), soit «un montant de 539,5 milliards de DA» , dira M. Loukal son PDG qui relate sa propre expérience. La BEA a ainsi apporté des crédits de l'ordre de 398,4 milliards de DA, 28% de l'ensemble de ses engagements. Il faut noter que le système du Project financing qui s'étale sur une période de 10-15 et 17 ans repose sur une couverture à 70-30%, la première tranche (70%) est à la charge de la banque. Il repose sur des remboursements à partir «des flux générés par le projet.» Ces financements, outre les longs délais de remboursement, sont soumis «au risque du marché», dira M. Loukal et pose un problème de diversification aussi. C'est pourquoi, le recours à une couverture d'assurance est «envisagé». Pour ce qui est de l'intérêt des banques algériennes pour le financement de ce type de projets, celles-ci sont confrontées à l'obligation d'observation des règles prudentielles notamment, celle de ne pas souscrire des «engagements au-delà de la limite de 25% des fonds propres», reconnaissent les banquiers. Quant aux banques étrangères installées en Algérie qui « ont pourtant été sollicitées pour le financement de ces projets», elles n'ont pu donner de suite favorable, dira un responsable. Elles sont sous-capitalisées et leur financement «ne dépassait pas le 1%», ajoute-t-il. Certains financiers ne cachent pas les contraintes d'ordre réglementaire qu'il faut lever, dont la question de la couverture du risque de change surtout pour « les projets tournés vers l'exportation» et le «risque de transformation de la ressource». Selon le représentant de l'Association des banques et établissements financiers, M. Benkhelfa, «nous sommes en train de travailler pour régler les problèmes liés aux sur-risques» qu'encourent les banques, des risques environnementaux, industriels, liés à la taille du projet qui «ne sont pas du ressort de la banque.» Quant à la transformation des ressources des banques du court terme vers le long terme, M. Benkhelfa évoque l'idée d'aller -pour le Trésor - vers l'équivalent d'une Caisse de dépôt et consignation (française). Cela dit, il semble que la BEA tire quand même une certaine satisfaction de la mise en œuvre du projet financing «évitant les surcoûts et une économie de devises». La BEA, a pu, dit fièrement son premier responsable, être au rendez-vous, « des fois bien avant la clôture». Dans l'un des dix projets financés, «1 milliard d'euros étaient disponibles 15 jours avant l'échéance», ajoute-t-il. Il faut tout de même reconnaître que cette expérience bien qu'elle soit encouragée, dira le représentant du ministère des Finances «souffre d'un manque d'ingénierie financière». M. Hamiani du patronat qui partage cet avis, a reconnu aussi que l'argent du pétrole a bien été utilisé dans « la diversification des infrastructures » qui est « une réalité visible», cela n'empêche qu' «un arbitrage» entre ce qui doit relever du budget de l'Etat et celui par le recours au marché » est souhaitable. Pour le président du Forum des Chefs d'entreprises, (FCE) il faut penser à l'après-aisance financière. M. Hamiani veut «laisser la prise de risque aux investisseurs étrangers» afin de soulager le budget de l'Etat. l Le PDG de la Caisse d'équipement et de développement : «Nous allons limiter les dérives des coûts» Le patron de la Caisse d'équipement et de développement, dépendant du ministère des Finances, M. Farouk Chiali a, lors de la rencontre hier sur le financement des grands projets, estimé que «les leçons ont été tirés» par rapport à la gestion des grands projets tel l'autoroute Est-Ouest, le tramway, le métro » et ce en répondant à une série de critiques d'experts et de responsables d'entreprises, comme M. Hamiani sur « les retards, les surcoûts, la corruption… » qu'ils ont engendrés en sus du «manque d'expertise locale». Selon M. Chiali, un des enseignements du gouvernement a été la création de la CNED qui supervise les grands projets. Lors du prochain programme quinquennal (2010-2014) « nous allons limiter les dérives des coûts, des délais… », ajoutera-t-il. A chaque phase, «il y aura une pause pour voir si les délais, les coûts étaient au rendez-vous », précise-t-il. La CNED va par ailleurs essayer de mettre en place « une fourchette de prix », a-t-il avancé, bien qu'il sera apparemment difficile puisque « les opérateurs invoquent le prix déterminé par le marché », a-t-il déploré.