Des immeubles effondrés, des habitants paniqués, blessés dans les rues et peut-être des morts par centaines: Port-au-Prince, dont le centre a été "détruit", selon un témoin, était plongé dans le chaos après le puissant séisme qui a ravagé Haïti mardi. Ils sont des milliers d'habitants à errer, parfois en pleurs, dans les rues dévastées de la ville, découvrant à chaque coin de rue de nouvelles images de la désolation. "Le centre de Port-au-Prince est détruit, c'est une véritable catastrophe", lâche Pierre, couvert de poussière. Il a marché plusieurs kilomètres pour tenter de regagner sa maison. Des habitants ont été contraints d'abandonner leurs domiciles et se sont réfugiés dans des espaces ouverts. Quelque part où ils ne risquent pas d'être écrasés par l'effondrement d'un immeuble. "Ils dorment dehors parce qu'ils ont trop peur de dormir à l'intérieur à cause des risques de répliques", remarque une responsable du Secours catholique, Sara Fajardo. Un médecin couvert de sang, blessé au bras gauche, explique que "les morts seront comptés par centaines lorsqu'il sera possible de dresser un bilan". Certains bâtiments se sont effondrés comme des châteaux de cartes. D'autres sont encore debout mais de larges fissures témoignent du choc de la secousse. Le palais présidentiel a été sérieusement endommagé ainsi que des ministères aux alentours, alors que des hôpitaux, des hôtels et des écoles se sont écroulés. "Le quartier général de la Mission de stabilisation de l'ONU en Haïti (Minustah) s'est effondré en grande partie. Il y a de nombreuses personnes sous les décombres, des morts et des blessés", affirme un employé local de l'organisation. Dans une rue envahie par la poussière, une adolescente blessée est allongée à même le sol tandis qu'on tente de la soigner. Plus loin, un groupe de personnes tentent de secourir un homme dont les jambes sont écrasées par des gros blocs de pierre, selon ces images. "J'ai vu beaucoup de destructions sur mon chemin. J'ai échappé de peu à l'effondrement du bureau où je travaillais", explique Marie Claire, employée dans un laboratoire médical de Port-au-Prince. Peu de temps après la secousse, la nuit tombée sur la capitale haïtienne plonge ses rues dévastées dans un noir complet qui ne fait qu'amplifier davantage la panique qui s'est emparée de la population. Autre difficulté pour les secours: les moyens de communication téléphoniques ont été sérieusement affectés et l'électricité coupée dans toute la ville. La plupart des stations de radio et de télévision de la capitale ne fonctionnent plus et quelques rares radios émettent des appels d'urgence.