Moussa Dadis Camara revient au-devant de l'actualité après plus d'un mois de séjour médical au Maroc. Le «petit capitaine» qui a échappé le 3 décembre dernier à une tentative d'assassinat à Conakry par son aide de camp, Toumba Diakité, est depuis hier à …Ouagadougou, Burkina-Faso. Officiellement pour «poursuivre une convalescence». Certains analystes n'écartent pas l'hypothèse d'un asile du chef de la junte. Je ne sais pas encore quand le président Dadis va rentrer en Guinée mais il rentrera quand il l'aura décidé», affirme Moussa Keita, ministre secrétaire permanent du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD, junte). «Rien ne l'empêche de rentrer chez lui», précise-t-il. Le «retour» du premier responsable du massacre de plus de 150 personnes le 28 septembre à Conakry suscite des inquiétudes. Pas seulement en Guinée où on redoute une guerre civile et des divisions de l'armée. «Le retour de Dadis Camara dans les conditions actuelles risque de provoquer une guerre civile en Guinée, car ses partisans vont tenter de prendre le pays en otage», estime le responsable de la branche guinéenne de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'Homme (Raddho) Mamadi Kaba. Comme les autres défenseurs des droits de l'Homme, il plaide pour le maintien de Dadi à l'extérieur du pays pour être jugé un jour sur le massacre du stade. Les communautés africaine et internationale qui ont apprécié les «propos» et les «engagements» du président intérimaire, le général Sékouba Konaté - il a annoncé dans un discours le 6 janvier dernier que le Premier ministre de la transition serait «issu de l'opposition» et «désigné par elle-même». Une proposition qui le démarque de son chef nettement qu'il aurait «lâché» la veille. Le 5 janvier, il était à Rabat pour rencontrer des hauts diplomates américains et français. Selon le ministre marocain de la Communication, M. Khalid Naciri, le Président Compaoré et le Général Sékouba Konaté ont participé aux négociations pour trouver une sortie de crise rapide. Sékouba Konaté est depuis hier à Ouagadougou pour rencontrer le chef de la junte et le chef de l'Etat Burkinabé, le capitaine Blaise Compaoré qui assure une médiation à Conakry au nom de la CEDEAO. Comme par hasard, il avait, mardi après-midi, de nouveau appelé l'armée à aller «vers la démocratie» à l'image de celle prônée par la communauté internationale» pour sortir de la crise dans laquelle est plongé le pays et évoqué de mystérieuses menaces. «Il faut que nous soyons unis, vigilants parce qu'il y a l'ennemi intérieur qui cherche à nous diviser et qu'il y a l'ennemi extérieur en liaison avec l'ennemi intérieur», dit-il, sans autre précision. Ramènera-t-il dans son avion son frère d'armes ? Le dissuadera-t-il de rester loin des feux de la rampe, le temps de restaurer «l'ordre constitutionnel» ? Les Guinéens doivent se poser mille et une questions. Parmi celles-ci, pourquoi Dadis qui n'a pas eu droit au tapis rouge et à l'honneur présidentiel à Ouaga n'a pas pris la direction de Conakry ? Ne s'est-il pas adressé à eux ? Les jours à venir nous édifieront. Même si certains indices laissent penser que le putschiste ne rentrera pas de si tôt à Conakry. Au niveau de l'opposition guinéenne, l'hypothèse d'un asile du chef de la junte guinéenne chez Compaoré n'est pas exclue. «Tout effort de la part de Dadis de retourner en Guinée nous préoccuperait», prévient Washington. Le 22 décembre, devant l'Assemblée nationale française, le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner avait souhaité «que M. Dadis Camara reste dans son lit au Maroc et non qu'il revienne» en Guinée «car il serait capable - rien que son retour - de déclencher une guerre civile ».