La publication du rapport d'enquête menée par l'ONU autour du massacre de 157 civils, le 28 septembre dernier à Conakry, a fait réagir les membres de la junte guinéenne qui ont provoqué une réunion d'urgence au palais du Peuple, selon un journal online local le Jour Guinée. Officiellement, cette réunion a pour objectif de préparer les «festivités marquant le premier anniversaire de l'avènement du Conseil national pour le développement et la démocratie [CNDD] au pouvoir», a indiqué ce journal, citant un communiqué du ministre secrétaire permanent du CNDD, le colonel Moussa Keita. La cérémonie doit avoir lieu aujourd'hui même, date qui marque la prise de pouvoir par le capitaine Moussa Dadis Camara qui s'était autoproclamé président de la Guinée au lendemain du décès de l'ancien président, le général Lansana Conté, après 28 ans de règne sans partage. Camara avait été accusé, pour rappel, d'être l'instigateur du massacre d'au moins 157 civils en septembre dernier dans un stade à Conakry, selon l'ONU qui a ouvert une enquête indépendante quelques jours plus tard, sur la demande même du chef de la junte. Le rapport d'enquête a conclu à la «responsabilité pénale individuelle» de plusieurs membres de la junte, dont le capitaine Moussa Dadis Camara, son aide de camp, le lieutenant Aboubacar Cherif Diakité, dit Toumba, et le ministre chargé des services spéciaux, le commandant Moussa Thégboro Camara. La Commission estime qu'au moins 156 personnes ont été tuées ou sont disparues et qu'au moins 109 femmes ont été victimes de viols ou d'autres violences sexuelles. «Il est raisonnable de conclure que les crimes perpétrés le 28 septembre 2009 et les jours suivants peuvent être qualifiés de crimes contre l'humanité», mentionne le rapport, qui a été transmis au Conseil de sécurité. Les enquêteurs de l'ONU ont réclamé une saisine de la cour pénale internationale pour juger les coupables. Blessé à la tête le 3 décembre par son aide de camp (Toumba), le chef de la junte serait toujours hospitalisé dans un hôpital militaire de Rabat au Maroc. Son agresseur, en fuite, avait déclaré récemment à Radio France international que Camara cherchait à lui faire endosser la responsabilité de ce qui s'était passé. Alors, il a décidé de l'éliminer et de prendre la fuite après. Les membres du CNDD avaient qualifié cette tentative d'assassinat de coup d'Etat auquel les services secrets français auraient participé, selon l'un des porte-parole de la junte. La publication du rapport de l'ONU, d'une soixantaine de pages, a lieu au moment même où la junte tente de trouver un consensus avec l'opposition à Ouagadougou, au Burkina Faso. L'opposition réclame le départ des militaires du pouvoir et refuse leur participation à la prochaine présidentielle dont la date avait été fixée au mois de janvier 2010. L. M.