C'est un petit bout de garçon. Sid Ahmed. Il a quatre ans et parle comme un grand petit bonhomme. Il est né et a grandi au fin fond du Sahara. Sa première nounou était une dame du nord que le travail du mari a exilé dans ces contrées sableuses. Le jour où à l'âge de deux ans il a changé de nourrice, il a fait des crises d'angoisse et de larmes durant des jours, jusqu'au jour où le père décida de s'en occuper. La cause est que la deuxième nurse, était d'origine africaine de couleur. Le paternel étonné du réflexe de son enfant et pour inculquer à son petit garçon l'acceptation de l'autre, sa différence et la diversification des êtres humains, l'emmenait tous les jours vers la ville et le marché où se côtoient des hommes et des femmes de tous horizons. Ceux de la wilaya et ceux des pays limitrophes. Petit à petit, Sid Ahmed ne fit plus la différence entre une personne au teint clair et une autre de teint foncé. Il apprit à aimer, et le terme n'est pas fort, à ne plus s'attarder à la couleur de la peau. A tel point que maintenant vivant à Alger, quand il voit des documentaires sur des pays africains il dit mélancolique : «je m'ennuie de mes frères et soeurs, de Ferdaous, de Nacéra et Nouredine», cette fratrie de petits enfants de couleur d'ébène qu'il a laissés derrière lui. Sid Ahmed du haut de ses quatre printemps entretient avec tous les «autres» un rapport d'amitié et de respect. Sans trop savoir que le rejet d'un individu dissemblable vient de l'attitude des adultes intolérants.