Sidi Bel Abbes En confiant ses deux enfants âgés de moins de trois ans à Khadra la nourrice dont la mémoire commence à défaillir, Fatima est à mille lieues de se douter que cette dernière s?en servira pour mendier ! Employée dans une entreprise, tout comme son mari, Fatima, mère de Hicham (trois ans) et Sarah (dix-huit mois), éprouve d?énormes difficultés quant à la garde de ses enfants. Elle a certes engagé des adolescentes de quinze à seize ans pour cette lourde tâche, mais malgré sa profonde générosité, celles-ci abandonnent les enfants, trop turbulents, au bout de quelques mois. Aussi, Hicham et Sarah sont-ils confiés à leur grand-mère paternelle. Toutefois, cette dernière, vieille et malade, ne les garde pas longtemps. Quinquagénaire, Khadra occupe seule un haouch de deux pièces cuisine. Son défunt mari et elle ne connurent jamais le bonheur d?enfanter. Il en fut ainsi jusqu?à ce que la mort les sépare. Après le décès de son fidèle compagnon, Khadra se retrouve sans le sou. Elle effectue différentes tâches ménagères ici et là, jusqu?au jour où une voisine enseignante frappe à sa porte et lui propose de garder son bébé. Khadra s?y engage, et s?occupe merveilleusement de l?enfant pour 1 500 DA par mois. A partir de cette première expérience, dont elle s?acquitte admirablement, elle devient une nourrice par excellence, appréciée et connue aux quatre coins de la ville. Dix ans plus tard, le hasard la met face à Fatima qui, sur le point d?abandonner son poste tant le problème de la garde de ses enfants l?accable, en parle à l?une de ses collègues dont la fille a été gardée par Khadra. Celle-ci l?oriente donc vers la nourrice qui, depuis quelque temps déjà, souffre de troubles psychiques qui ne paraissent pas évidents à première vue. Sa nouvelle cliente est impressionnée par l?ordre et la propreté régnant à l?intérieur de sa demeure. Les formalités conclues, les deux femmes signent leur acte en s?embrassant, et dès le lendemain, les gamins franchissent le seuil de leur nouvelle nourrice. En les récupérant propres et souriants le soir, Fatima, satisfaite, pousse enfin un soupir de soulagement. Entre-temps, une idée a germé dans l?esprit quelque peu dérangé de leur nourrice, qui va utiliser les enfants pour un triste projet qui lui rapportera certainement plus que ne lui offrent leurs parents. En effet, une heure après l?arrivée des enfants, Khadra, un vieux sac au bras, sort de chez elle, les tenant chacun par une main, pour ne rentrer qu?en début d?après-midi. Manège que ne remarquent pas les voisins, car n?ayant lieu qu?un jour sur deux ou trois, tout au long des semaines qui suivent. La nourrice quitte donc son domicile flanquée des gamins, et embarque à bord d?un autocar ou d?un taxi collectif, chaque jour pour une destination différente. Elle débarque donc, choisit le bon endroit et s?empresse d?enfiler des haillons à Hicham et Sarah sur leurs vêtements. Elle s?installe ainsi devant une mosquée, un marché ou autre, et s?adonne à la mendicité. Aux curieux, elle raconte que les gamins sont ses petits-enfants, dont les parents sont morts dans un attentat terroriste. Cette dramatique situation dure depuis déjà sept mois, quand Khadra est repérée par le plus grand des hasards par le voisin de Fatima. De retour chez lui, il guette les parents et les informe du triste sort réservé à leurs enfants par leur nourrice, chez laquelle ils se rendent immédiatement. La fouille de sa maison leur permet de découvrir les guenilles portées par leurs petits. La nourrice est rouée de coups, ses hurlements ameutent les voisins qui leur expliquent que celle-ci sombre chaque jour un peu plus dans la folie. Ils ne déposent donc pas plainte. Quelques jours plus tard, ils apprennent que Khadra a été internée en psychiatrie. R. K. Employée dans une entreprise, tout comme son mari, Fatima, mère de Hicham (trois ans) et Sarah (dix-huit mois), éprouve d?énormes difficultés quant à la garde de ses enfants. Elle a certes engagé des adolescentes de quinze à seize ans pour cette lourde tâche, mais malgré sa profonde générosité, celles-ci abandonnent les enfants, trop turbulents, au bout de quelques mois. Aussi, Hicham et Sarah sont-ils confiés à leur grand-mère paternelle. Toutefois, cette dernière, vieille et malade, ne les garde pas longtemps. Quinquagénaire, Khadra occupe seule un haouch de deux pièces cuisine. Son défunt mari et elle ne connurent jamais le bonheur d?enfanter. Il en fut ainsi jusqu?à ce que la mort les sépare. Après le décès de son fidèle compagnon, Khadra se retrouve sans le sou. Elle effectue différentes tâches ménagères ici et là, jusqu?au jour où une voisine enseignante frappe à sa porte et lui propose de garder son bébé. Khadra s?y engage, et s?occupe merveilleusement de l?enfant pour 1 500 DA par mois. A partir de cette première expérience, dont elle s?acquitte admirablement, elle devient une nourrice par excellence, appréciée et connue aux quatre coins de la ville. Dix ans plus tard, le hasard la met face à Fatima qui, sur le point d?abandonner son poste tant le problème de la garde de ses enfants l?accable, en parle à l?une de ses collègues dont la fille a été gardée par Khadra. Celle-ci l?oriente donc vers la nourrice qui, depuis quelque temps déjà, souffre de troubles psychiques qui ne paraissent pas évidents à première vue. Sa nouvelle cliente est impressionnée par l?ordre et la propreté régnant à l?intérieur de sa demeure. Les formalités conclues, les deux femmes signent leur acte en s?embrassant, et dès le lendemain, les gamins franchissent le seuil de leur nouvelle nourrice. En les récupérant propres et souriants le soir, Fatima, satisfaite, pousse enfin un soupir de soulagement. Entre-temps, une idée a germé dans l?esprit quelque peu dérangé de leur nourrice, qui va utiliser les enfants pour un triste projet qui lui rapportera certainement plus que ne lui offrent leurs parents. En effet, une heure après l?arrivée des enfants, Khadra, un vieux sac au bras, sort de chez elle, les tenant chacun par une main, pour ne rentrer qu?en début d?après-midi. Manège que ne remarquent pas les voisins, car n?ayant lieu qu?un jour sur deux ou trois, tout au long des semaines qui suivent. La nourrice quitte donc son domicile flanquée des gamins, et embarque à bord d?un autocar ou d?un taxi collectif, chaque jour pour une destination différente. Elle débarque donc, choisit le bon endroit et s?empresse d?enfiler des haillons à Hicham et Sarah sur leurs vêtements. Elle s?installe ainsi devant une mosquée, un marché ou autre, et s?adonne à la mendicité. Aux curieux, elle raconte que les gamins sont ses petits-enfants, dont les parents sont morts dans un attentat terroriste. Cette dramatique situation dure depuis déjà sept mois, quand Khadra est repérée par le plus grand des hasards par le voisin de Fatima. De retour chez lui, il guette les parents et les informe du triste sort réservé à leurs enfants par leur nourrice, chez laquelle ils se rendent immédiatement. La fouille de sa maison leur permet de découvrir les guenilles portées par leurs petits. La nourrice est rouée de coups, ses hurlements ameutent les voisins qui leur expliquent que celle-ci sombre chaque jour un peu plus dans la folie. Ils ne déposent donc pas plainte. Quelques jours plus tard, ils apprennent que Khadra a été internée en psychiatrie.