Photo: Horizons. Tout le monde au quartier Meissonnier, en plein cœur de la capitale, connaît le café littéraire en face de la radio El Bahdja. Il suffit de demander à n'importe quel riverain son adresse pour vous l'indiquer sans hésitation. Pourtant ce café littéraire n'est ouvert et n'a commencé ses activités que depuis quinze jours. Il est déjà célèbre. Le fondateur de ce lieu des arts et de la culture n'est autre que le populaire Sid Ali Sekhiri, libraire éditeur, responsable de la librairie Millefeuilles. Il a eu l'idée de génie et l'heureuse initiative d'ouvrir ce premier café littéraire de statut privé. Son programme est bien chargé. Il fonctionne tous les jours de la semaine, sauf le vendredi. Ces espaces sont des lieux de forum et de rencontres où sont débattus et exposés des thèmes aussi divers que l'histoire, la création littéraire, les métiers du livre et de l'édition, la vie en société ainsi que bien d'autres sujets englobant l'univers des lettres, de la culture et des arts. Concernant ce dernier point, les murs de ce café littéraire abritent sa première exposition d'arts plastiques. C'est l'artiste peintre Khadidja Slimani qui présente ses œuvres. Ses tableaux sont un résumé de son parcours artistique, allant du genre semi-abstrait à l'abstrait. Elle obtient un franc succès auprès de ce public qui se fidélise à ce café littéraire. Il est vrai que l'on devient vite un fidèle de ces lieux. Sid Ali Sekhiri offre des conditions exceptionnelles de convivialité et d'opportunités d'élargir ses connaissances et sa culture. D'abord, les murs sont tapissés de rayonnages où son alignés toutes sortes de livres sur les sujets les plus divers. Chaque invité de ces lieux peut les consulter et les lire à loisir. Ce lecteur a droit de lire ces livres sur place avec pour seule contrainte, celle de les rendre dans leur propre rayonnage. Quelle aubaine pour ceux qui n'ont pas les moyens de s'acheter des livres ou pour ceux qui, au contraire payent le prix, sans les lire, pour le seul plaisir d'orner une bibliothèque chez eux ! La convivialité ensuite ; ici, les lieux constituent un véritable café avec des tables pour consommer et une carte pour commander, thé, café, sodas, eaux minérales, gâteaux. L'existence d'une petite cuisine avec un service assuré par un personnel féminin, permet aussi de répondre à une restauration rapide. Seulement, ici, toutes ces prestations sont payantes. Ce sont d'ailleurs ces revenus qui justifient la raison d'être de ce café littéraire, nommé à juste titre, de statut privé. «Il me faut payer le lourd loyer, les dépenses des approvisionnements, les salaires du personnel, la consommation électrique. Tous les frais d'exploitation de ce café littéraire sont à ma charge», explique Sid Ali Sekhiri. Pour lui, il est extrêmement impératif que les revenus s'équilibrent avec les dépenses. C'est la loi de l'existence de cette entreprise à vocation culturelle. Pour le moment, la salle, bien que de surface réduite, fait le plein, preuve de la soif de culture des citoyens algériens. Il faut dire que le prix des consommations n'est pas très élevé et abordable pour la plupart des bourses. Les heures d'ouverture sont larges, de sept heures du matin à dix-neuf heures. La fréquentation, caractérisée par une population jeune, est très encourageante augurant une longue vie. Il ne faut que saluer cette honorable entreprise qui a pris la gageure et qui a relevé le défi de commercialiser et de rentabiliser la vie culturelle et artistique de la capitale, jusque-là une affaire pratiquement gérée par les seules institutions publiques.