Dans un contexte d'économie de marché, la libération des prix fonctionne comme un système déclencheur de la dynamique concurrentielle qu'on attend de cette économie. Libérer les prix dans l'espace d'une compétition active est la meilleure façon de favoriser une dynamique qui profite finalement au consommateur en créant les conditions d'un marché diversifié, qui promeut, dans le cadre des mécanismes concurrentiels et de régulation qui l'agitent de l'intérieur, le meilleur rapport qualité/prix. Or, au jour d'aujourd'hui, et en dépit de la volonté politique maintes fois exprimée, qui s'est souvent traduite par un arsenal législatif et légal, sans cesse actualisé et adapté, l'économie de marché en Algérie tarde à trouver les moyens de s'articuler à la réalité algérienne sans produire des effets pervers qui n'ont rien à voir avec un marché libéré où seule gouverne la loi de l'offre et de la demande. En fait, l'activité commerciale dans notre pays est toujours otage de niches de monopole où la spéculation sur la disponibilité et la rareté des produits, crée des effets artificiels de déséquilibre entre l'offre et la demande en vue de dicter un système de mobilité des prix qui profite aux manipulateurs et, dans une certaine mesure aussi, aux petits commerces quand ceux-ci acceptent de jouer le jeu de cette spéculation. En l'absence de la grande distribution comme activité structurante du commerce de détail, qui fonctionne professionnellement et qui n'organise pas, de son côté, de nouvelles niches de monopole, ou se ferme à des produits concurrentiels, le commerce de proximité continuera toujours de faire sa loi et de faire le lit de la spéculation qui s'organise en amont, à des niveaux supérieurs du monopole de l'importation ou de la production. Il s'agit de se poser la question de savoir le nombre de fois dans l'année où les prix des produits que l'on consomme quotidiennement augmentent. Il s'agit en effet d'un nombre incalculable de fois, pour certains produits, au point où il est impossible d'identifier la source, pour savoir s'il est question d'un rééquilibrage de marge bénéficiaire par rapport à un coût supplémentaire à la production, ou s'il s'agit plutôt d'une manipulation spéculative des prix de la part de grossistes décidés à maximiser leurs gains, se confortant d'un monopole de fait et d'une complicité active des détaillants, dont la marge bénéficiaire augmente également proportionnellement à la majoration faite à l'achat des lots de produits chez les grossistes. L'efficacité d'un tel procédé n'est possible que dans le cas de complicité de toute la chaîne, et dans le contexte qui est le nôtre, il semble bien que l'unanimité soit acquise dans le circuit de la spéculation dont font les frais les consommateurs. A cela, il n'y a qu'un seul remède, celui qui consiste à créer une loi qui oblige tous les producteurs et autres importateurs à afficher, sur les emballages, les prix du gros et les prix recommandés à la vente au détail. Ce qui aura pour effet, sans nous faire revenir à l'ère des prix administrés, d'informer les consommateurs sur la véritable marge des commerçants, et de leur laisser le choix de céder cette marge ou de refuser d'acheter le produit. Cela en attendant l'avènement d'une grande distribution professionnelle et responsable qui donnera, par ses seules pratiques normalisées, le coût de grâce à toute forme de spéculation.