Photo : Makine F. L'Algérie n'est pas encore prête pour être membre de l'Organisation mondiale du commerce. C'est ce qui en sort du débat animé hier autour de cette question au forum El Moudjahid. «Pour des raisons politiques mais surtout économiques, nous ne pouvons entrer, pour le moment, à l'OMC. L'économie nationale est à la traîne, avec prédominance de l'importation, affirme Idris Yahiaoui, expert en gestion d'entreprise. Dans le même contexte, Farid Benyahia, professeur en relations internationales et auteur d'un ouvrage sur l'adhésion de l'Algérie à l'OMC, rappelle la fuite des compétences à l'étranger dont souffre l'Algérie. «La fuite des compétences nous a coûté 100 milliards de dollars de perte ! L'Etat doit revaloriser nos compétences et implanter le système adéquat», estime-t-il. 381 entreprises économiques sont viables en Algérie, souligne-t-il, tandis que 120 entreprises sont en difficulté. «Plus de 50% des entreprises algériennes ne possèdent pas de stratégie, de management, alors qu'elles ont toutes les compétences et les moyens dont elles ont besoin. Une fois développée notre industrie sera aussi forte que celle de la Corée, notre agriculture égale à l'Espagne et notre tourisme rivalisera avec celui de la Grèce !», dit-il en affirmant que si l'Algérie change de stratégie, elle sera membre de l'OMC dans 10 ans ! Dans son intervention, l'intervenant évoque également le système bancaire qui est, selon lui, l'autre maillon faible de l'économie nationale.«Les experts ont classé l'Algérie à la 17e place en matière de système bancaire au niveau de l'Afrique. Il est vrai que notre système a été réformé. Mais il est encore mal exploité dans le domaine économique», explique-t-il. Par ailleurs, fait-il savoir, nos industriels et agents agricoles butent contre un grand problème de foncier. «L'Algérie est riche mais est victime de son système. Elle a dégagé une enveloppe de 03 milliards de dinars pour l'importation de véhicules ! Avec cette somme, elle aurait pu créer plusieurs unités de montage de véhicule et employé près de 12. 000 personnes ! Le potentiel existe, les moyens aussi. Mais il nous faut une vision à long terme. Dire que les pays développés pensent déjà à 2060 !», révèle-t-il. Pour sa part, Meriem Inal, professeur en économie, estime que l'Algérie peut devenir une puissance économique si on ne lui met pas les bâtons sous les roues. «Dans les années 80 déjà, alors qu'elle était en plein essor économique, on a mis des obstacles pour freiner son élan», affirme-t-elle. Tout en soutenant son analyse, M. Yahiaoui souligne à ce propos qu'il est tout à fait normal que la partie adverse utilise des stratèges pour tenter de déstabiliser son interlocuteur, à savoir l'Algérie. «Mais qu'ont fait nos experts pour contourner ces stratèges ?», conclut-il.