«L'adhésion de l'Algérie à l'OMC est une décision souveraine», soutient le président du Conseil de la nation. «Le 11e round des négociations de l'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) est programmé pour fin juin prochain.» C'est ce qu'a déclaré, hier, Djellab Saïd, membre du groupe de négociation. Il s'exprimait en marge du séminaire sur l'accession de l'Algérie à l'OMC tenu au Conseil de la nation. «Nous sommes à un stade très avancé du processus que ce soit au niveau multilatéral ou bilatéral», a-t-il estimé sans pour autant avancer une date de l'adhésion de notre pays à l'OMC. M. Djellab a indiqué qu'un rapport du groupe de travail chargé de piloter les négociations se trouve au niveau de l'OMC, englobant tout ce qui a été entrepris depuis le début du processus de négociation avec cette organisation. «Actuellement, nous sommes en train de répondre à une dizaine de questions relatives entre autres, à la transparence sur le commerce d'Etat et aux processus de privatisation», fait-il savoir. Cependant, l'ouverture du champ audiovisuel n'est pas inscrite à l'ordre du jour, affirme-t-il. Ce point constitue, en effet, l'une des questions qui retardent le processus. S'agissant des concessions que doit consentir chaque pays devant adhérer à l'OMC, M.Djellab a indiqué qu'elles sont d'ordre technique et non politique ou de souveraineté, telles que les droits de douanes. En termes d'accords bilatéraux, l'Algérie a achevé les négociations avec cinq partenaires sur les 16. De son côté, le chef de cabinet du ministère du Commerce, Dahmane Karim Kheïreddine, a estimé que «l'Algérie n'a pas donné les concessions en temps voulu, ce qui a fait qu'on nous demande à chaque fois des concessions supplémentaires. Il faut éviter donc tout retard parce que cela rendra chère notre adhésion». Pour le représentant de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced), Nobert Lebale, l'accession de l'Algérie à l'OMC n'est pas une fin en soi, c'est une ligne de conduite. Il a considéré que notre pays a fait de grands pas dans le cadre de ce processus, notamment en matière de législation et de réglementation. Parmi les principaux objectifs de la Cnuced, figure l'aide aux pays en développement à s'intégrer de façon équitable dans l'économie mondiale. Pour sa part, le président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, a soutenu que l'adhésion de l'Algérie à l'OMC est une décision «souveraine». «La décision de l'accession de l'Algérie à l'OMC est souveraine et prend en considération les intérêts de l'économie nationale», a-t-il souligné. Il a estimé que cette adhésion est dictée par un nombre de critères, notamment la mondialisation. Etayant ses dires, il avance que les échanges commerciaux qui se déroulent entre les pays membres de l'OMC sont estimés à 9000 milliards de dinars annuellement, soit plus de 90%. M.Bensalah a, dans ce contexte, rappelé que le Parlement algérien a examiné, débattu et approuvé plusieurs textes de lois ayant permis à notre système législatif d'être au diapason des exigences de l'intégration à l'économie mondiale, ce qui a facilité, a-t-il relevé, la mission de nos négociateurs avec leurs homologues de l'OMC. Intervenant lors des débats, Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs, a estimé qu'il est impossible qu'il y ait un consensus sur l'adhésion de l'Algérie à l'OMC car il n'y a pas de débat avec les partis politiques et les opérateurs économiques sur les questions des concessions. «L'industrie algérienne est encore faible et nous ne pouvons pas concurrencer les produits étrangers. Plusieurs crises marquent l'actualité, notamment la crise alimentaire, les subprimes...Il ne faut pas donc s'aventurer. Il faut retarder notre adhésion pour mieux étudier toutes les questions», a-t-elle soutenu avec force. Abdelkrim Harchaoui, ancien ministre des Finances, a relevé le peu d'efficience de notre économie. «Que gagnerons-nous à notre adhésion? qu'exportons-nous en dehors des hydrocarbures?», s'est-il interrogé. Des incidents, souligne-t-on, ont marqué les débats concernant le temps consacré à chaque intervenant. Chose qui a soulevé l'ire des intervenants, notamment Louisa Hanoune. D'ailleurs, certains invités ont dû quitter la salle à cause de ces incidents.