Le rapport embarrasse de plus en plus l'Etat hébreu. L'armée israélienne a infligé un blâme à deux officiers supérieurs à la suite de tirs contre un bâtiment de l'ONU à Ghaza. La procédure avait été engagée à l'encontre du commandant de la division opérant à Ghaza, le général Eyal Eisenberg et le chef d'un régiment d'infanterie, le colonel Ilan Malka, accusés «d'avoir dépassé leurs prérogatives de façon à mettre en danger des vies» de civils pour mieux réfuter, dans un rapport officiel remis vendredi à l'ONU, les accusations de «crimes de guerre» de la commission d'enquête du juge sud-africain Richard Goldstone. Ce rapport reconnaissait que l'armée «avait tiré plusieurs obus d'artillerie contrairement aux règles d'engagement interdisant de tels tirs à proximité de zones habitées» en allusion à des tirs d'obus fumigènes de phosphore blanc. Mais l'emploi des munitions au phosphore blanc est réglementé par le protocole III de la Convention sur les armes classiques de 1980 «sur l'interdiction ou la limitation des armes incendiaires» dans des zones peuplées auquel Israël n'a pas souscrit. Selon l'article 2 de ce protocole, il est interdit «en toutes circonstances de faire de la population civile en tant que telle, de civils isolés ou de biens de caractère civil l'objet d'une attaque au moyen d'armes incendiaires». Outre le bombardement du principal entrepôt de l'agence de l'ONU pour l'aide aux réfugiés palestiniens (UNRWA), Israël affirme avoir ouvert des enquêtes sur 150 incidents séparés, dont 36 font l'objet d'une enquête criminelle. Dans son justificatif de 46 pages, rendu public dans la soirée par le gouvernement, l'Etat hébreu vante «l'indépendance et l'impartialité» du système judiciaire israélien et assure que son armée s'est conformée au droit international pendant l'opération à Ghaza. C'est dire que le rapport de Richard Goldstone embarrasse de plus en plus l'État hébreu qui craint de voir certains de ses responsables traduits devant la justice internationale. Dans une interview au quotidien israélien Haaretz ce vendredi, l'ex-conseiller juridique du gouvernement, Menahem Mazuz, affirme qu'une commission s'impose afin que «le rapport Goldstone ne continue pas à hanter Israël en détruisant sa légitimité».