Photo : Fouad S. Des responsables des institutions chargées d'apporter des garanties pour les financements des PME, tels le FGAR (Fonds de garantie) ou la Caisse générale de garantie des crédits à l'investissement (CGCI), ont estimé que le dispositif n'est pas bien ancré dans les pratiques financières en Algérie. M. Daoudi, PDG de la CGCI, a estimé que le début, en 2008, a été timide et l'année suivante «a connu une certaine adhésion des banques au système de garantie» mais cela dénote, reconnaît-il «des insuffisances» pour ne pas dire «un bilan mitigé. A titre de rappel, la Caisse a couvert 186 projets en 2008, 275 en 2009» et «l'objectif qu'on s'est donné est de faire le double, soit autour de 500 projets», a déclaré M. Daoudi. Le peu de satisfaction de ces organismes de crédit créés par les pouvoirs publics pour un meilleur accompagnement financier des PME est à rapprocher avec le niveau des engagements estimés à 12 milliards de DA et qui sont «en deçà du volume des crédits attribués à l'économie estimé à 900 milliards de DA», précise-t-il. C'est le même constat au niveau de l'autre Fonds de garantie, le FGAR, dont l'intervention couvre «les petits projets de démarrage», explique Youcef Houmissi, son PDG. Cette institution a couvert au profit des PME algériennes «385 projets à fin 2009 pour un total de 10 milliards de DA, dira-t-il. La CGCI a été créée en 2004 et le FGAR en 2002 et ce conformément à la loi de 2001 sur les PME qui avait prévu en son article 14 un mode de financement qui tient compte de «leur fragilité, de l'absence de fonds propres et de garanties hypothécaires», expliquent certains intervenants. Ce dispositif a besoin cependant d'un «rodage» pour qu'il soit adopté par les banques. Des pays comme la Tunisie, le Maroc, la France ont eu besoin de près de «cinq années pour l'assimiler». 27 PROJETS COUVERTS PAR LA CGCI ET 385 PAR LE FGAR EN 2009 Les responsables de PME reprochent aux banques la difficulté à leur débloquer des crédits à travers des conditions draconniennes alors que ces dernières rétorquent qu'elles sont tenues par l'obligation de «se soumettre aux règles prudentielles dans la gestion du risque». Selon un cadre d'une banque publique, «des gestionnaires de crédit ont aujourd'hui des démêlées avec la justice en raison justement de cette souplesse vis-à-vis des garanties hypothécaires». De plus, comme le résume le PDG de la CGCI (ancien patron de la BDL), la banque est elle aussi «soumise aux règles de la commercialité et peut s'exposer au risque de faillite». Il revient sur le rôle de ce dispositif qui constitue un engagement des pouvoirs publics «d'encourager davantage les PME, seul vecteur de la croissance et de création d'emplois». Le patron de la CGCI revient sur le constat de carence pour dire qu'il y a aujourd'hui «des perspectives de développement des relations des banques avec ces établissements financiers» d'autant plus que «la quasi totalité des contraintes que connaît le produit de la garantie ont été levées». Parmi les mesures, on peut citer une «simplification de la procédure de souscription, l'allégement des délais de mobilisation des crédits et d'envoi des dossiers, le relèvement du niveau des crédits éligible à la garantie». Enfin, sur la lancée, il ne faut pas oublier les dispositions de la loi de finances pour 2009 ainsi que la loi de finances complémentaire de la même année qui ont assimilé la garantie financière à une garantie de l'Etat tout en relevant la garantie à 250 millions de DA contre 50 millions de DA auparavant, ce qui ouvre «le champ de couverture à la quasi totalité des PME», ajoute le PDG de la CGCI. La Caisse a, depuis 2008, «délivré 46 garanties effectives» selon des données officielles mais les PME lui reprochent aussi le coût du service qui n'est pourtant que de 0,5% pour la CGCI et 1% pour le FGAR. Selon M. Daoudi, ce dernier en principe est de 2,5%. Si les banques publiques demandent certaines pièces comme le Business Plan que les PME sont loin de maîtriser, les filiales des banques étrangères vont jusqu'à nous «exiger un bulletin de santé», s'indigne un promoteur ….. A signaler que le débat qui a eu lieu au Forum d'El Moudjahid a vu la participation d'autres organismes de crédit telles la CAGEX (spécialisée dans la couverture du risque exportation hors hydrocarbures mais qui a lancé récemment un nouveau produit dit «risques transactions locales»), l'Agence nationale de développement de la PME ainsi que des représentants des organisations patronales.