L'Europe et l'Amérique deviennent de plus en plus des sortes de forteresses inaccessibles. Des mesures de plus en plus draconiennes sont prises pour contenir les citoyens du tiers monde dans des limites étroites. Le monde des repus ne semble pas se contenter de cette position où la suspicion le dispute à l'arrogance. Emportés par l'appât du gain, les industriels occidentaux assimilent nos pays à de vastes dépotoirs où viennent s'entasser les produits qui sont autant d'atteinte pour la santé des hommes et l'environnement. On connaît ainsi le port d'Alang en Inde où sont « désossés » les bateaux. Dissuadés chez elles par la combativité des mouvements écologistes qui se fortifient de plus en plus, les multinationales se rabattent sur l'Afrique notamment pour placer tantôt les produits périmés ou refusés dans les pays où le contrôle sanitaire est tatillon et rigoureux. On ne compte plus les cas où les organismes de contrôle refusent l'accès des marchés de pays développés à des produits chinois qui contreviennent aux normes de qualité. Le cas des jouets et des aliments pour bébés avait l'an dernier défrayé la chronique. La délocalisation de la production des grandes chaînes de construction automobile a favorisé l'apparition de produits à double standard. Les uns sont destinés à une clientèle soucieuse de sa sécurité et de son standing et l'autre à une clientèle moins considérée. Toyota, le premier constructeur automobile japonais, ne s'apprête-t-il pas à rappeler 180.000 voitures vendues en Afrique, Amérique latine et au Moyen-Orient. Un problème de pédale d'accélérateur défectueuse est à l'origine de ce retrait. Il est à se demander si l'erreur n'avait pas été décelée en Europe, si le constructeur aurait consenti ce geste et les pertes qui s'en suivraient. L'automobile n'est pas le seul secteur concerné. A maintes reprises, des médicaments, qui sont retirés en Europe, demeurent commercialisés dans nos pays au mépris des règles de prudence. De plus en plus, le consommateur hors pays développés est perçu comme un simple tiroir-caisse tout juste bon à payer des produits et des services qui ne présentent pas toutes les garanties. Tout est fait par ailleurs pour appâter le consommateur. Une grossière manœuvre a déjà commencé à la veille de la Coupe du Monde. Comme par miracle, les Algériens peuvent « flasher » à des prix modiques leurs démodulateurs. Gageons qu'à l'approche de la Coupe du Monde, les grands médias, mus par une stricte logique commerciale, sauront récupérer la mise. Qui pourra refuser de satisfaire un plaisir fabriqué de toutes pièces ?