Les auditions judiciaires se feront désormais sans jury pour traiter ce genre d'affaires. Les Britanniques, qui épinglaient des pays tiers pour avoir adopté des lois d'exception face au terrorisme, empruntent aujourd'hui le même chemin, sans état d'âme… En Arabie Saoudite, la menace terroriste se fait pesante. Selon la presse britannique, la Grande-Bretagne va procéder à des auditions judiciaires sans jury pour des affaires de terrorisme, au cours desquelles un juge spécialisé examinera seul les dossiers avant de décider combien de temps un suspect pourra être détenu sans être inculpé. Cette procédure d'enquête judiciaire, en vigueur en France, marquerait une énorme rupture avec la procédure traditionnelle des Britanniques, partisans du débat contradictoire avec jury. Le Premier ministre britannique Tony Blair avait laissé entendre la semaine dernière que son gouvernement allait proposer des lois d'exception, depuis l'interpellation jusqu'au procès proprement dit en passant par la période d'instruction, pour combattre l'extrémisme islamiste après les attaques terroristes de Londres. La réforme judiciaire examinée par le ministère de l'Intérieur donnerait à un juge spécialisé l'accès à des informations secrètes sensibles, notamment des enregistrements téléphoniques, lors de l'instruction du procès, et les suspects seraient représentés par des avocats ayant subi avec succès une enquête de sécurité, mais qui auraient interdiction de révéler à leurs clients les preuves en vertu desquelles ils sont détenus. Cette procédure répond à l'exigence des services de police et de sécurité pour qui la période de détention sans inculpation d'une personne soupçonnée de terrorisme devrait s'étendre de 14 jours, actuellement, à trois mois ! Des lois similaires, adoptées par l'Algérie lorsque sa société et ses institutions devant faire face à un terrorisme génocidaire, avaient soulevé le courroux des Britanniques, qui arguaient leurs désapprobations et condamnations au nom de principes et de droits de l'Homme. Pour Tony Blair, l'heure n'est plus à ces considérations et, à Londres, seule l'opposition conservatrice exige de lui de réfléchir à fond sur ces questions et de consulter les autres partis sur ses lois d'exception. Après Londres, la menace terroriste semble se concentrer sur Riyad. Les autorités de l'Arabie Saoudite ont imposé des mesures de sécurité draconiennes autour des missions diplomatiques et complexes résidentiels des Occidentaux, après les mises en garde adressées à leurs ressortissants par les Etats-Unis, l'Australie et la Grande-Bretagne sur l'imminence d'attentats sur leur territoire. Les quartiers ciblés, transformés depuis longtemps en véritables forteresses, sont en état de siège, des véhicules blindés surveillant leurs entrées et sorties, et leurs intérieurs occupés par des forces de sécurité, qui fouillent tout le monde. Ces fouilles sont d'ordinaire considérées comme un avertissement sur le risque d'une attaque terroriste. Washington a fermé ses missions diplomatiques dans le royaume et appelé leurs ressortissants à la vigilance (entre 20 000 et 25 000 Américains vivraient en Arabie Saoudite). À l'instar de l'ambassade américaine, les missions diplomatiques britannique et australienne sont entourées de mesures de sécurité très strictes. Londres et Canberra ont eux aussi mis en garde leurs citoyens contre des attaques anti-occidentales en Arabie Saoudite, frappée depuis mai 2003 par une série d'attentats meurtriers orchestrés par le réseau Al-Qaïda. Malgré ses menaces, le successeur de Fahd ne s'est pas embarrassé pour gracier des islamistes radicaux à l'occasion de son intronisation ! D. Bouatta