Photo : Fouad S. Le premier geste de la plupart des journalistes en arrivant au bureau est d'ouvrir la « boîte ». Non seulement pour consulter le courrier mais découvrir aussi ce qu'ont écrit les autres confrères. On connaît sur le bout des doigts les sites qui permettent un accès rapide aux contenus en ligne des journaux et magazines. Pas seulement, c'est par la magie du Net qu'on établit les contacts avec les gens, réalise les interviewes. On contourne aussi facilement les barrières d'une bureaucratie tatillonne et décourageante pour surfer sur les sites des organismes qui mettent en ligne ce qu'ils font. Cette nouvelle technologie fait assurément gagner du temps. De plus en plus l'image du journaliste ou du fonctionnaire feuilletant son journal s'estompe pour laisser place à celle qui, par simple clic, fait tourner des pages virtuelles. L'internaute tend de plus en plus à remplacer le lecteur. Des cassandres annoncent même la mort du journalisme, d'une certaine forme du moins de son exercice. De plus en plus de gens pas nécessairement formés pour ce métier investissent la toile et par écrit ou image délivrent des informations et investissent un espace où se télescopent les avis et analyses. L'Algérie n'échappe pas évidemment à cette évolution. Elle possède déjà à l'image de TSA ses journaux qui se déclinent exclusivement sur la toile. Internet est de fait comme toutes les inventions de l'homme. Certes, il libère l'expression, affranchit la parole qui s'élève au-dessus des rideaux de la censure. Désigné ironiquement du nom de Hadj Google, il inhibe pourtant des réflexes de curiosité. Le copier-coller, cette manie qui étouffe les efforts, a atteint les universités et les rédactions. Il n'existe plus parmi la brassée de quotidiens algériens de langue arabe ou française un journal sans site. Certes, on s'y contente de répercuter l'édition en papier et on ne dispose pas encore de rédactions autonomes qui adapteraient le rythme et le contenu des sites web à une demande et un rythme spécifiques. C'est surtout l'absence d'une réflexion globale sur les effets induits par l'usage immodéré d'internet sur les habitudes de lectures, les types de lectorat. Cette révolution silencieuse impose pourtant cet effort pour répondre à une demande et à des attentes profondément remodelées.