Pressé par le groupe des «six» grandes puissances depuis la mi-janvier et son opposition interne qui pourrait rebondir le 11 de ce mois, il fait un virage à 180°. «Nous n'avons aucun problème pour envoyer notre uranium enrichi à l'étranger », déclare Mahmoud Ahmadinejad. Parallèlement à cette détente prônée, l'Iran a lancé hier «avec succès» sa troisième fusée spatiale de type Kavoshgar, Kavoshgar-3, porteuse d'une «capsule expérimentale» transportant des animaux vivants et effectué un tir de lanceur de satellites. Les Occidentaux sont inquiets. Ils craignent que la maîtrise de cette technologie balistique à longue portée ne soit, par la suite, utilisée à des fins militaires. L'Iran se dit prêt à transférer «en Turquie, au Brésil ou au Japon en cas d'accord, 70% de son uranium faiblement enrichi à 3,5% pour avoir pour son réacteur de Téhéran de l'uranium enrichi à 20% «quatre à cinq mois après», conformément au compromis avancé pour dissiper les craintes suscitées par son programme nucléaire et accorder un accès consulaire aux américains à travers les suisses qui représentent leurs intérêts à Téhéran pour rendre visite à leurs citoyens détenus dans la république islamique. «Il n'y a vraiment pas de problème. Certains s'agitent pour rien. Nous signons un contrat. Nous leur donnons de l'uranium enrichi à 3,5% et au bout de quatre ou cinq mois ils nous donnent l'uranium enrichi à 20%», déclare le président Mahmoud Ahmadinejad confirmant ainsi l'existence sur la table de «nouvelles idées» sur l'échange du combustible nucléaire révélée en marge du Forum de Davos par Manouchehr Mottaki, le chef de la diplomatie iranienne. Les Etats-Unis prennent acte de cette ouverture qui reprend la proposition du groupe des Six (Etats-Unis, Russie, Chine, France, Grande-Bretagne, Allemagne) de novembre dernier et tord le cou à l'ultimatum iranien aux « six » pour qu'ils acceptent avant fin janvier de lui livrer du combustible et… à ses conditions. Ils demandent aux iraniens d'informer l'Agence internationale de l'énergie atomique s'ils ont «quelque chose de neuf à dire». Comme échaudés par la réaction iranienne à leur «main tendue», ils restent sur la réserve. Estimant comme son directeur du renseignement, Dennis Blair, que l'Iran a la possibilité de mettre au point des armes nucléaires et que la principale inconnue porte sur sa « volonté politique» de le faire, Barack Obama relance la vente de batteries antimissiles aux pays du Golfe, sous prétexte qu'ils sont menacés par les chiites iraniens. Son administration a vendu cette semaine huit batteries de missiles Patriot, au Qatar, Emirats arabes unis, Bahreïn et le Koweït, et le Pentagone qui a vendu ces deux dernières années aux saoudiens et emiratis pour plus de 28 milliards de dollars d'armes, a ordonné aux croiseurs américains équipés de systèmes Aegis de patrouiller dans le Golfe. Par cet «ordre», Washington montre ses muscles aux iraniens, rassure ses amis arabes qui abritent des bases militaires US et «calme» Israël. Ce déploiement irrite l'Iran qui soupçonne les Etats-Unis de chercher à déstabiliser la région et attiser une «phobie de l'Iran». La Russie, l'Union européenne et la Chine saluent le retour de l'Iran à l'accord sur l'uranium enrichi proposé en novembre et demandent des «précisions sur cette information». Les auront-ils avant la réunion prévue dans les «prochains jours» de leurs directeurs politiques? Le retour de Téhéran aux négociations à six reste «crucial», souligne Londres.