Coup de théâtre, hier, dans le dossier du nucléaire iranien avec l'ordre donné par Mahmoud Ahmadinejad au patron de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), Ali Akbar Salehi, d'entamer la production de l'uranium enrichi à 20%. Deux jours après avoir accepté le principe d'un échange d'une partie de son uranium faiblement enrichi (3,5%) contre du combustible hautement enrichi (20%), destiné au réacteur de recherche de Téhéran, le président iranien a défrayé la chronique hier en ordonnant le début de l'enrichissement de l'uranium à 20%. Affirmant qu'il ne pouvait attendre encore plus longtemps une décision des pays occidentaux sur l'échange d'uranium enrichi, le président iranien a donné instruction, hier, au chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), Ali Akbar Salehi, de “commencer à produire de l'uranium (enrichi) à 20%”, dans une allocution retransmise par la télévision d'Etat. S'adressant directement à Salehi devant les caméras en inaugurant une exposition consacrée à la technologie laser, Mahmoud Ahmadinejad dira : “J'avais dit : donnons (aux grandes puissances) deux à trois mois (pour conclure un accord d'échange d'uranium), s'ils ne sont pas d'accord nous commencerons nous-mêmes” à produire de l'uranium hautement enrichi. Poursuivant, le chef de l'Etat iranien ajoutera : “Maintenant, Dr Salehi, commencez à produire de l'uranium (enrichi) à 20% avec nos centrifugeuses.” Expliquant les raisons de sa décision Ahmadinejad indiquera : “Nous avons encore dit récemment : faisons un échange (ndlr : d'uranium faiblement enrichi iranien contre du combustible enrichi à 20% par les grandes puissances), bien que nous soyons capables de produire de l'uranium à 20%”. Il précisera par la même occasion : “Mais (les grandes puissances) ont commencé à jouer avec nous, même si elles ont commencé à envoyer récemment des messages disant qu'elles voulaient trouver une solution.” Il rappellera toutefois que “la porte reste ouverte aux discussions, nous ne l'avons pas fermée”, tout en soulignant qu'un éventuel échange de combustible nucléaire entre Téhéran et les grandes puissances devrait être “inconditionnel”. Mahmoud Ahmadinejad ne manquera pas l'occasion de réaffirmer que Téhéran avait désormais “la capacité d'enrichir de l'uranium à n'importe quel niveau grâce à la technologie des lasers”, qui vient s'ajouter à celle de la centrifugation utilisée actuellement par Téhéran pour produire de l'uranium faiblement enrichi. Cette décision du président iranien au lendemain de la rencontre à Munich entre le directeur de l'AIEA, Yukiya Amano, et le ministre iranien des Affaires étrangères, Manouchehr Mottaki, à l'issue de laquelle il a déclaré qu'il ne lui avait présenté aucune nouvelle proposition sur le programme nucléaire iranien. “J'ai eu aujourd'hui une rencontre avec le ministre Mottaki qui a porté sur divers sujets. Cela incluait bien sûr des activités en Iran et le réacteur de recherche de Téhéran”, a révélé à la presse le patron de l'AIEA, tout en ajoutant : “Je n'ai pas reçu de contre-proposition” de l'Iran.